Course du 1er avril...

[j.r.garou]

Ce matin d’avril, vers onze heures, canal de Miribel Jonage : un chemin de halage qui me ramène sur Lyon…. Au départ de cette randonnée pédestre, il faisait un froid de canard, et … on en voyait glissant sur l’eau avec des cancans protestataires pour ces bipèdes qui n’ont pas d’ailes, courent comme des dératés, en dérangeant le calme de ces lieux. Maintenant, dire que j’avais chaud aurait été un euphémisme : gosier de bois ; trop déshydraté pour transpirer encore !

Je suis seul mais je vais doubler un autre coureur visiblement plus mal que moi ; et de l’arrière j’entends le suivant qui ahane bruyamment : c’en est gênant…les muscles de mes jambes commencent à tétaniser avec un cumul d’acide lactique ; pour oublier ces souffrances physiques, je me concentre sur le paysage avec déjà les images de ces deux heures d’efforts : « Le pêcheur au bord de l’eau – abrité sous son chapeau… » comme celui de la chanson, mais qui nous jette un sale œil vu notre martèlement qui fait fuir les poissons de ses rêves. Oh ! identiques à ceux chimériques de nos résultats ! Tout dans son attitude négative indique ses pensées : « ces sportifs, tout dans les jambes, rien sous les ‘tifs’ ! » Pendant que les nôtres sont : « gros fainéant assis sur son …‘séant’ pendant des heures ! »

Puis le passage du pont à Jonage pour rejoindre l’autre rive : pente herbeuse, glissante, abrupte pour l’atteindre ( un vrai casse-pattes ) Puis la même au bout du pont en descente dangereuse, cette fois. J’en ai entendu des : ‘M… !’ suivi des vociférations par ceux qui descendaient schuss à leur corps défendant !



Enfin, tout au long, cette masse liquide qui glisse doucement attire invinciblement les regards ; avec par moments des mouettes remontées jusque là ; des martinets rasant l’eau à la poursuite des insectes ; des libellules, flèches brillantes au ras de la berge…



Les premières bornes kilométriques aussi : regardées en ennemies vu ce qui reste à parcourir ; mais peu à peu appréciées dés que la moitié du parcours est avalée ; et maintenant le regard les recherche bien avant de les apercevoir !

Longtemps privé d’ombre, j’apprécie que le chemin s’enfonce dans la sylve verdoyante du final… bientôt un point de contrôle où je vais pouvoir rafler la dernière petite bouteille de cette eau bienvenue. Ensuite les derniers cinq kilomètres atteints, la souffrance s’envolera au carré du rapprochement de la ligne d’arrivée…



Mais… mais… me voilà éveillé ! Je sors plus d’un cauchemar que d’un rêve ; et je réalise d’une part que je ne cours plus depuis des années, mais surtout, que je viens de faire une apnée du sommeil, car j’ai les tempes battantes ! Le cœur s’est emballé à vide au fil des difficultés à respirer durant mon sommeil…



Ces souffrances ressenties dans les courses du passé et remontées du néant par mon cerveau luttant contre l’asphyxie, comme j’aimerais les retrouver réellement avec l’âge que j’avais alors !!!


Jan

[manany]

j'ai relu avec plaisir mais je ne m'attendais pas a la chute.....
elle est graver dans ta memoire...........cette fameuse course.......

[Aubépine]

Cher Jan,

Si tu nous offres un "poisson d'avril" c'est bien fait car tellement réel. Sinon, je dirai que je comprends d'autant mieux que cette nuit, je me suis réveillée grâce à un cri que je poussais moi-même pour me sortir d'une apnée gênante.

Coeur usé peut-être d'avoir trop aimé ?? et voilà nos derniers émois troublés par des palpitations bien mal venues.

Bisous. Dors bien la nuit prochaine et fais des rêves rassurants. Laisse tomber les exploits sportifs pour les douceurs d'une couette reposante.

[Invité]

Merci Jan,

La prochaine fois, essaye de faire des rêves qui soient moins épuisants.

[j.r.garou]

Manany,

Justement, l'organisme en lutte vu que la glotte s'avachit ( ? ) le cerveau ramène
souvent des souvenirs de stress ou de souffrance, en m'obligeant à des efforts...
pour inspirer !!! quelques fois je grimpe une montagne, je nage, je cours pour
attraper le bus, etc... et je me réveille en plein 'barouf' en me disant, mais
comment les éviter ces apnées qui perdurent malgré la soufflerie et le masque
intégral ! Un jour, il n'y aura plus d'inspiration : pas plus pour tes images que
pour ma respiration, et je passerai de l'autre côté du miroir...

Aubépine,
Hélas ! pour ce jour ce fut un poisson d'avril, pour d'autres un 'poison' qui tu le sais
est un handicap : Notre coeur s'emballe encore, donc "Il faut aimer encore après
avoir aimé" comme le dit Musset ?


Campanule,
Pas un rêve mais un cauchemar, et ça ne se commande pas plus !
le thème de cette construction ( 'mots en culture sur la branche )
était avec l'image , trois obligations :

Le lieu Chemin de halage

Le personnage Une silhouette à votre choix (il ou elle)

Une action Il ou elle court

La "course du premier avril" c'est pour leur faire un pied ne nez
car si je ne cours plus, j'ai couru... et pour le présent, plus besoin
de courir : Mdr ?


Jan

[Annick]

Alors Jan, tu cours même la nuit ?
Tu as consacré toute ta vie au sport et c'est ce qui revient le plus souvent dans tes rêves.
Et voilà notre Aubépine qui, elle aussi, cherche son souffle la nuit.

Ce doit être bien ennuyeux de se réveiller ainsi dans la souffrance.

Un gros bisou à tous deux.

[manany]

ce doit etre vraiment pénible jan tes nuits doivent etre tres agités....
bisous jan

[j.r.garou]

Annick, Manany,

"Est-ce que vous êtes coureur ?" non je suis balayeur chantait Bourvil
Moi, je pourrais dire rêveur, pour ça oui ! mais quand je retrouve la
souffrance longue du coureur de fond dans des apnées c'est du cauchemar
Et ce malgré ma machine infernale qui me passe par les trous de nez
au propre et au figuré !



Jan

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