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Message  Invité Jeu 18 Juil 2013 - 18:52

Tout à fait par hasard, un titre rencontré sur un site littéraire d’Internet, « LOURDE », avec en couverture la photo d’un cheval…Serait-ce « elle » ? Oui, ça ne peut-être qu’elle, ma Lourde, notre compagne de voyage pendant deux étés….Et les souvenirs qui remontent…Qui balaient ma mémoire comme un coup de mistral…

"LOURDE" Lourde10


La première fois que nous avons débarqué dans le Vaucluse, c’était à la demande d’un voisin de mon papet, qui cherchait des cavaliers confirmés pour accompagner les vacanciers à qui il louait des roulottes gitanes authentiques, mais qui pour la plupart n’avaient jamais vu un cheval, que de bois. Nous avons appris à harnacher, à atteler, et zou li biou ! Le cheval, c’était un Boulonnais, ou un Percheron (sais plus) un peu pommelé, je ne me souviens plus de son nom (pardonne-moi, mon beau) mais on s’est bien entendu avec lui. Pendant deux jours. Parce que ceux qui avaient pris la roulotte en location n’avaient pas réalisé que ce n’était pas un motor home 4 étoiles, qu’il n’y avait pas de douche ni de climatisation…On a remis ça quelques semaines plus tard. Nous connaissions déjà l’endroit, le paysage nous était familier… Entraigues….Avenue du Jas…Allée des Grands Devens (demandez donc aux Nordistes ce que c’est qu’un devens ?)…. « Domaine de Saint-Sauveur »…L’allée qui mène à la ferme, et devant celle-ci, une roulotte qui rentre de périple. Une famille dont le père est resté couché dans la roulotte, en proie à des coliques néphrétiques, c’est la mère et les enfants qui détellent… « Monsieur Mouton… » nous présente le maître des lieux avec une solide claque sur l’encolure de l’intéressé. Il a l’air bien gentil, Monsieur Mouton. N’empêche qu’un peu plus tard, alors que Francés le bouchonnait, il bottera, ce n’est pas un accident, il a « cherché l’homme ».

Joël, il me semble le retrouver comme s’il était resté là au même endroit depuis la dernière fois, même polo bleu/poussière, short et sandales qui me font toujours redouter (est-ce que ça me regarde ?) de voir se poser sur un pied vulnérable celui d’un des mastodontes à crinière qu’il côtoie. Craintes non fondées : il connaît ses bêtes et il sait ce qu’il fait, il a de l’expérience, cet homme. Nous, nous n’en avons pas. Comme cavaliers, oui, mais pas en matière de gros attelage. Alors on se prend une petite leçon. « Je vais vous confier LOURDE » nous dit Joël en amenant notre future compagne de randonnée « Elle est brave, elle ne vous fera pas de soucis…Elle a du « jambon sous l’œil …» LOURDE, c’est une superbe jument comtoise de presqu’une tonne, robe alezane crins lavés (la version XXXL de ma Cascade adorée, jument que j’ai sauvée de l’abattoir, elle avait 20 ans), le « jambon », c’est une marque rose qui souligne son regard intelligent et amical. On s’y met, on réapprend les gestes qui seront notre quotidien durant une semaine. LOURDE se prête gentiment à la manœuvre. Nous sommes fins prêts pour démarrer le lendemain la grande aventure…Et prendre livraison de nos touristes, une famille avec 3 enfants et le grand-père, un charmant petit monsieur de 75 ans, ancien boulanger de son état. On est parti ! Un dernier signe amical de notre hôte, on sort du domaine, on enfile la route… « L’air est pur, la route est large… » et LOURDE traîne la charge. On n’a pas fait 5 kilomètresqu’elle nous fait un superbe mouvement appelé « le retour à la ferme ». On passe devant une ferme, LOURDE vire à droite et s’engage dans la cour, bien que Francés tire sur les rênes tant qu’il peut. Rien d’autre à faire que de suivre le mouvement, de la faire tourner et de ressortir tranquillou sous l’œil médusé des occupants du lieu. Et maintenant… « En avant, calme et droit ! » Non mais !!!!

Le premier bivouac, c’est en bordure d’Ouvèze, près de la ferme BRUN.
On installe la roulotte, on dételle et pendant que je joue les ménagères avec la mère de famille, Francés emmène LOURDE à la rivière, avec le reste de la troupe. « Toujours prendre garde à avoir pied ». Elle a pied. Mais elle se renverse dans l’eau, après avoir piétiné et éclaboussé, elle s’ébroue, elle en profite. Profite, ma belle, tu as bien raison. Francés ramène la demoiselle, l’attache à un arbre (« la corde autour de l’arbre, la chaîne pour le cheval »). Il la frotte avec un bouchon de foin et moi je vais lui couper avec la serpette un peu de luzerne sauvage, que c’est la gourmandise des chevaux. LOURDE bien installée, on pense un peu à nous et au ravitaillement. Nous allons faire plus ample connaissance avec nos hôtes du jour. Madame BRUN, nous l’avons déjà vue mais entretemps son époux est rentré. Il offre l’apéritif, on papote, Monsieur S…… qui a gardé de son ancien métier l’habitude de se lever aux aurores et ne peut se passer de ses deux œufs sur le plat chaque matin demande si on peut en acheter ? Pas de problème, on peut venir les chercher, tout frais, le lendemain avant de partir. Monsieur BRUN nous fait part des difficultés économiques etc…de l’agriculture « Ce qui fait que je râle tout le temps ! » Monsieur S…..commet l’imprudence de dire « Moi, je ne râle jamais » (ce qui est assez vrai). Madame BRUN lui darde un regard en coulisse « Oh mais dites donc ! Je vais vous échanger contre mon mari ! » Le malheureux évalue d’un coup d’œil le gabarit de Monsieur BRUN (2 fois ½ comme lui), les « avantages » de Madame BRUN (où il risquerait bonnement de mourir étouffé) et hasarde « Vous perdriez au change, Madame… » Mais la réplique fuse aussitôt, assortie d’un clin d’œil entendu « Ca, c’est vous qui le dites…Le duvet, il est plus léger que la plume…Mais il est plus chaud ! » Houla ! Alors que nous regagnons la roulotte, Monsieur S….me glisse « Euh…Demain, vous pourriez aller les chercher, les œufs ? » Courageux mais pas téméraire. Le lendemain, j’irai chercher les œufs. Ensuite, en route. On se lève avec les poules et on fait le plus de route possible avant que le soulèias soit au maximum. En journée, ce ne serait pas possible, le cheval est un être vivant, pas une machine et il faut le ménager. Parfois, on s’arrête à l’ombre, je vais couper de la luzerne, LOURDE s’en délecte et on repart. J’ai gardé longtemps les itinéraires si soigneusement détaillés par Joël, je les relisais parfois, il me semblait me trouver encore sur les routes de Provence…Mais ils ont été perdus lors d’un déménagement, ce que j’ai bien regretté et regrette toujours. Alors mes récits de bivouacs, ils ne se suivront pas toujours dans le bon ordre. Mais je les revois encore et ce qui s’y est passé, c’est la franche vérité.

BIVOUAC AU THOR En arrivant au Thor, il faut passer sous le campanile, c’est assez serré, Francés descend et me guide, on passe juste ce qu’il faut, heureusement LOURDE ne dévie pas d’un centimètre de la voie qu’on lui impose. Pas plus brave que cette fifille…Nous avons le choix entre deux possibilités : le camping municipal ou alors bivouac sauvage dans une belle clairière au bord de la Sorgue. Francés qui rêve de prendre une vraie douche opte pour le camping. Il y a de la place, on nous attribue un emplacement tout à fait suffisant. « Vous pouvez attacher votre cheval là-bas… » En plein soleil ! Il ne faut pas beaucoup de temps à Francés pour réagir « Pour la faire cuire ? Pas question ! » Entre renoncer à une douche et laisser LOURDE rissoler au soleil du Midi, y’a pas photo : on s’en va. Et on se dirige vers le lieu de bivouac sauvage. On s’engage dans un chemin arboré qui débouche dans une vaste clairière ombragée, au bord de la rivière. Un devers bétonné fait une plage assez agréable qui invite à piquer une tête….Après ! LOURDE bien installée au frais, le nez dans son seau de grain, j’en profite pour faire la grande lessive dans la Sorgue. Et j’étale le linge bien à plat sur le béton chauffé de soleil, ça séchera vite. Alors que je vaque à mes occupations « gitanes », c'est-à-dire le ménage dans la roulotte, je jette un coup d’œil par la fenêtre et…Je ne suis pas fière de toutes les énormités que j’ai proférées à cette occasion ! Il faut dire que nous avions un compagnon de voyage à quatre pattes, Kiri, mon berger allemand adoré. Mais pour l’instant, il est en disgrâce : ce pignouf est allé faire trempette, a pataugé consciencieusement dans une flaque de boue le temps de se faire des belles papattes dég…. et considérant que pour revenir vers la roulotte, la ligne droite est évidemment la plus courte, c’est elle qu’il a empruntée. Sauf que ladite ligne droite, elle passe en plein par mon linge étalé ! Y’a plus qu’à m’y remettre ! Ce que je fais pendant que le délinquant prend le maquis et se cache dans le coffre sous la roulotte. Nous ferions bien une promenade dans les environs. Nous l’écourtons au maximum : je n’aime pas laisser LOURDE sans surveillance. Francés se moque un peu « Qu’est-ce que vous voulez qu’il lui arrive ? Elle est bien attachée, pas trop long, elle ne peut pas s’emmêler dans l’attache… » Je sais, mais je suis ainsi. LOURDE n’est pas seulement le moteur de la roulotte, c’est aussi une adorable (et énorme) peluche qui adore qu’on lui grattouille les oreilles, qu’on lui caresse le chanfrein et qu’on pose un bisou entre ses naseaux, là où c’est plus doux que du velours. Et mon temps libre, je le passe à chouchouter la grande, laquelle m’en remercie par des petits coups de tête amicaux qui, si je ne les anticipais pas, m’enverraient rouler à bonne distance. Entretemps, les gosses ont gonflé un canot pneumatique et jouent aux pirates sur l’Ouvèze. Nous craquons aussi et piquons une tête


BIVOUAC à la ferme DALLAGNOLA Gros coup de cœur (et de nostalgie) parce que Madame DALLAGNOLA mère, elle ressemble à ma mamette saintoise…LOURDE est installée sous l’auvent, dans la cour de la ferme. Monsieur DALLAGNOLA, le fils, arrive avec un joli cadeau pour notre jument : un plein baquet de carottes fourragères qu’il vide devant les antérieurs de LOURDE, ravie. Kiri, c’est un grand gourmand qui considère qu’être un chien donc présumé carnivore ne lui interdit pas de sacrifier de temps en temps à des moeurs plus végétariennes. Aussi, il se met avec entrain à grignoter une carotte...Puis une autre…LOURDE lui a déjà envoyé quelques avertissements en frémissant des naseaux et en lui soufflant à la truffe « Touche pas, c’est à moi ! » Evidemment, il n’en tient aucun compte. Il chipe une autre carotte, s’éloigne et passe derrière LOURDE. Erreur fatale ! Je la vois qui lève le pied, qui prend son élan et…Alors qu’elle aurait très bien pu lui casser la tête d’un seul coup de sabot, elle dose l’impact, elle le repousse à peine, une petite bourrade qui a l’air de dire « Allez, bouge-toi de là, petit ! » Le « petit » se le tient pour dit et va prudemment se réfugier dans la roulotte. On l’avait bien dit, qu’elle était brave, mais elle est encore plus brave que tout ce qu’on pourrait le dire. Alors, en plus du brossage, je lui démêle les crins « aux doigts », elle préfère ça au peigne et moi j’adore passer les mains dans la masse blonde de sa crinière…Tout le monde est content.

A la ferme, il y a une portée de chatons qui font le bonheur des minots, et qu’ils auront grand peine de laisser derrière eux. Si on les avait écoutés, ils auraient embarqué toute la famille Miaou.

BIVOUAC AU BORD DE L’OUVEZE Pour celui-là, je peux le situer exactement au point de vue chronologique : il a suivi celui de chez DALLAGNOLA. J’en suis sûre. Rapport à une petite anicroche sans gravité qui nous est arrivée en nous installant. Et une autre en repartant. En descendant un petit raidillon qui nous oblige à jouer sérieusement du frein, on arrive à un endroit charmant et bien ombragé, on envoie LOURDE sous un berceau de feuillage, elle y sera très bien. On dételle, et comme les berges ne nous permettent pas de la mener à l’eau, je l’entraîne à proximité et je lui arrose les jambes à grand renfort de seaux d’eau. Puis je la ramène à sa place pour l’étape et là…Horreur ! La chaîne est restée chez Dallagnolla ! « Bon, je vais la chercher ! » Francés prend les choses en mains (et le vélo qui est compris dans le matériel) «Vous l’attacherez avec ses rênes en attendant ! » Ben voyons ! Heureusement, LOURDE est une bonne pâte, elle se laisse faire, mâchouille avec bonne humeur l’herbe que je vais lui couper sans trop m’éloigner (10m, pas plus). Le temps passe, la roulotte balayée, époussetée, le lit fait, le repas du soir en route…et toujours pas de Francés ! Je commence à m’inquiéter. Le cheval, tant qu’on veut, mais la bicyclette, ce n’est pas son rayon (sans jeu de mots). Et soudain, je le vois qui dévale le raidillon, les jambes écartées en V renversé, il vient s’affaler près de la roulotte, vélo à gauche, lui à droite… « Crevé ! » parvient-il à émettre (lui, pas le vélo) Sans aucune compassion, je le secoue, je hurle « LA CHAÎNE ? » « Je ne l’ai pas… » Et il tombe endormi, tout de go, sur l’herbe accueillante. Il dormira environ deux heures, que rien ne pourra le faire bouger…Puis à son réveil, il m’explique qu’il n’a jamais pu retrouver la ferme, qu’il a renoncé…Sur le chemin venant de la ferme, nous avions dû monter une brave côte, imperceptible mais bien réelle, on ne se rend bien compte que quand on est au dessus. Dans ses recommandations, Joël dit que quand le terrain monte, on descend de la roulotte pour alléger le cheval (voire qu’on pousse un peu mais à deux, on n’aurait pas été d’un grand secours). Nous étions donc descendus, et j’étais allée marcher à la tête de LOURDE, ce qui permet de la poutouner et de lui faire des caresses en même temps. De lui parler aussi, j’étais sûre qu’elle comprenait mes couillonnades, comme de lui parler de Cascade, des promenades que je fais avec elle…Bref, pour la côte, après l’avoir descendue, Francés se doutait bien qu’il devrait la remonter, c’est de la logique pure. Seulement, il a pédalé, pédalé, pédalé sous le cagnard, en jurant entre ses dents « Mais où elle est ? Où elle est, cette maudite côte ???? » C’est quand, n’en pouvant plus, il a mis pied à terre et s’est retourné qu’il s’est rendu compte qu’il venait de la monter !!! C’est trop peu dire qu’il râlait ! C’est aussi durant ce bivouac qu’ayant voulu faire une petite lessive, vu la berge escarpée, je n’avais guère le choix que de m’accrocher solidement à une branche d’une main et à battre ma lessive de l’autre. Tout se passait bien jusqu’à ce que je tourne la tête, juste à temps pour voir une araignée de belle taille se diriger droit vers ma main. L’instinct de survie m’a fait lâcher la branche, et cette c….rie m’a fait me retrouver assise dans l’eau. Une petite incursion sur les nuits (non, non, pas sous le duvet, classé X). Simplement, j’avais beau savoir que LOURDE ne risquait rien, bien attachée, abreuvée, nourrie et fournie en caresses de réserve jusqu’au matin, on ne se refait pas : plusieurs fois par nuit, je me relevais, j’allumais la lampe torche et je balayais les alentours, dont LOURDE qui a chaque fois me lançait un regard oscillant entre le « Qu’est-ce que tu veux ? » et « Tu vas me f…e la paix, oui ? ». Il m’est même arrivé de sortir et d’aller la caresser, comme ça, pour bien m’assurer qu’elle était là (bon, on la voit, ce n’est pas un poney Shetland…Mais je ne pouvais pas m’en empêcher). Même les réflexions de Francés, frappées au coin du bon sens « Mais enfin, il ne peut rien lui arriver…Et même à supposer que quelqu’un lui veuille du mal pendant la nuit, le chien donnerait l’alarme tout de suite… » M’en fouti ! Et je continuerai durant tout le voyage.

BIVOUAC AU MAS DE CURE-BOURSE Le lendemain, dans la fraîcheur du petit matin (après les deux œufs de tradition pour Mr S….), on attelle, et…On reste en plan. On a attelé LOURDE juste où on s’était arrêté, et pour sortir de là, il faudrait reculer. Or, il ne semble pas que la belle connaisse le mouvement. Francés a beau crier « Arrié ! Arrié ! » comme préconisé par l’instructeur de Saint-Sauveur, LOURDE ne bouge pas plus qu’une bûche. Apparemment, pour elle, « arrié », ça veut dire entrer docilement dans les brancards, ce qu’elle a fait. Alors maintenant qu’elle y est, elle se demande ce qu’on lui veut. Se mettre à sa tête et essayer de la repousser en pesant sur son poitrail ne donne pas non plus beaucoup de résultat. Il faut dire que Francés n’est pas d’une taille à lui en imposer, elle n’a pas grand-chose en commun avec nos camargues. Dételer, essayer de faire pivoter la roulotte ? Même en s’y mettant tous, ce n’est pas gagné. Au manège, on donnait des leçons de dressage (traduire : apprendre diverses figures de haute école…à notre faible mesure). Je me suis fait embrigader pour quelques leçons, malgré les réticences de Francés « Vois pas l’intérêt de faire marcher les chevaux au pas de l’oie ! » (sa conception personnelle du noble « pas espagnol » !) Et il me vient une idée. Je commande à LOURDE d’avancer, tout en la retenant sur les rênes, comme pour le reculer en manège. Elle semble d’abord se dire « Sait pas ce qu’elle veut, celle-là ! » puis elle fait un pas, encore un, un autre…Elle recule. Bravo, ma belle ! Et on peut se mettre dans la ligne du raidillon. Tout le monde pousse. En avant ! Une fois sur la route, je descends marcher auprès d’elle et je lui refile en douce une bonne poignée de sucre prélevée sur la réserve perso de celui qui a repris les rênes. « Qu’est-ce qu’elle fait, votre « fifille » ? » demande le meneur, soupçonneux. Elle fait « crunch crunch » avec délice sur les briques de sucre, mais je réponds « Elle me lèche la main… » «vous la prenez pour un caniche ? » ricane Francés. Qui ajoute aussitôt « Vivement qu’on passe par un village… » Ah ? Et pourquoi donc ? « Parce qu’au train où ça va, je boirai bientôt mon café sans sucre ! » Oups ! Je pensais pourtant avoir été discrète dans mes larcins….La route est belle, on emprunte un chemin ombragé qui serpente entre des haies de roseaux et voilà qu’arrive ce qui devait forcément arriver à un moment ou à un autre. Une voiture vient en sens inverse. Le passage étant trop étroit, nous faisons ce qu’on nous a recommandé : le béton. C'est-à-dire que nous campons sur nos positions, attendu qu’il est plus facile de faire marche arrière avec une automobile qu’avec un cheval qui de surcroît a une roulotte de belle taille aux fesses. Le père des enfants essaie de parlementer sans beaucoup de succès. Je saute du siège et me dirige vers les hurlements qui sortent du véhicule. Entre deux gu….antes, j’essaie d’expliquer au gars ce qu’il en est, que s’il veut bien reculer un peu, on s’empressera de faire passer l’attelage, rien à faire, il ne veut rien entendre. Fou de rage, il gicle de sa voiture, fonce sur LOURDE et l’empoigne sans douceur à la têtière pour la faire reculer. Et là…Un torpille jaillie de la roulotte arrive en aboyant et en montrant des dents grandes comme ça. Kiri n’a pas supporté qu’on s’en prenne à sa copine (ils ont bien sympathisé) et le fait savoir à sa manière. Miracle ! L’ensuqué remonte prestement dans sa voiture et effectue une superbe marche arrière qui nous permet de dégager en moins de deux. Nous répondons au bras d’honneur qu’il nous fait par un sourire d’une charmante urbanité. Kiri fait de même, mais dans son cas je ne jurerais pas qu’il s’agissait d’un sourire. Je préfère quand même que ce soit Kiri qui ait débloqué la situation, parce que connaissant mon gardian, lui y serait allé à la castagne.

Au petit pas régulier de LOURDE, nous arrivons au bivouac : Mas de Cure-Bourse. Ancien relais de poste du XVIIIème siècle transformé en hôtel-restaurant de caractère, un charme d’un autre temps…Mais les chambres douillettes et couvre-pieds moelleux ne sont pas pour nous. Nous, on a la roulotte, et pour le moment, il s’agit de l’installer, la roulotte. On nous indique une grande pelouse derrière le corps de logis, on met LOURDE à l’ombre et pendant que Francés commence à la brosser pour la détendre et que les gosses s’y mettent aussi, je me dirige vers le mas pour régler les modalités de la nuitée. Alors que j’arrive en face de l’allée centrale, je vois arriver à toutes pattes deux beaucerons de belle taille, qui foncent sur moi en aboyant. Le temps de me dire « Heureusement que j’ai laissé Kiri dans la roulotte » et plus prosaïquement « Je suis morte ! », ils sont sur moi. Et je me prends deux grosses brutes énamourées sur le râble, des boulimiques de tendresse qui me balaient la figure à grands coups de langue. Je leur rends la politesse avec force caresses et reprends ma route escortée par les deux molosses. Comme quoi, faut jamais se fier aux apparences… Le soir, exceptionnellement, nous laisserons LOURDE et Kiri en tête à tête et nous irons de même souper aux chandelles. Repas délicieux, addition qui cadre bien avec le nom du lieu (mais quand on aime, on ne compte pas) et Francés ayant le contact facile, nous finissons la soirée agréablement en compagnie des patrons. Le lendemain, au départ, LOURDE se fera un plaisir de nous montrer, sans qu’on lui ait rien demandé, qu’elle a parfaitement assimilé le « reculer » et ce faisant, entrera dans un des montants du portail, cabossant un peu le coin du toit de la roulotte. Je l’ai toujours pensé : faire du zèle ne paie pas.

BIVOUAC PRES DE LA COOPERATIVE VINICOLE DU THOR J’aurai passé plus de temps à marcher près de la jument qu’assise sur le siège (sauf les rares fois où Francés m’a cédé les rênes). Et ça ne me dérange pas, au contraire. Je lui fais la causette, je la caresse, je m’inquiète d’elle « Ca va, ma Lou-LOURDE ? » Ricanement dans mon dos, Francés se marre « Quand bien même ça n’irait pas, ce n’est pas vous qui allez tirer à sa place…Ce n’est pas un jouet… ». D’accord, ce n’est pas un jouet, mais ce n’est quand même pas sa faute si elle pèse presqu’une tonne. Ca n’empêche pas les sentiments et les calignades. Elle aime ça, moi aussi, ça ne coûte rien et on aurait tort de s’en priver. Le bivouac prévu, c’est au snack-bar de « La Cerise » mais comme le précise Joël dans son impeccable itinéraire « Il est possible que vous arriviez le jour de fermeture alors poussez jusqu’à la Coopérative vinicole. » Nous arrivons effectivement devant un établissement hermétiquement clos et poussons donc jusqu’à la coopérative.

On s’installe sur le terrain. A part les soins à apporter à LOURDE et une double ration de bisous sur les naseaux, il ne se passera pas grand-chose. Si ce n’est qu’on organise une partie de boules avec les enfants. Et que Francés ayant sorti un jeu de cartes pour égayer un peu la soirée, j’apprendrai qu’il est bon joueur…mais très mauvais perdant ! Ce ne sera qu’après avoir partagé une délicieuse tasse de verveine avec « nos touristes » qu’il cessera de faire la fougne. Il y a un rituel immuable avant le coucher auquel je me refuse absolument à déroger : Francés, armé de la lampe torche, examine et scrute les moindres recoins de l’alcôve, des fois qu’une aragne malapprise s’y serait déjà installée. Il a beau dire qu’on n’en a pas vu l’ombre d’une depuis le départ, et qu’il pourrait bien s’en trouver une qui s’introduise là durant notre sommeil, il n’y coupe pas. Le lendemain matin, en partant, nous croiserons une compagnie de jolis perdreaux en balade dans les vignes avoisinantes. Ca me rappelle une rencontre similaire que j’avais fait lors d’une balade à cheval en solitaire. J’en avais parlé en rentrant et mon papet avait poussé les hauts cris « Oh miladiou, pauro fadado ! Tu pouvais pas venir me le dire ? » Té ! Pour qu’il sorte le fusil ? Pas si bête. C’est l’heure bénie où le ciel est encore presque blanc, le soleil pas encore monté et les fâcheux pas encore sur la route…A côté de certains conducteurs qui trouvent la chose sympathique et doublent lentement pour regarder l’attelage, il y a des couillons qui klaxonnent comme des fous et se rabattent de même au risque de blesser le cheval. Ceux-là ont droit à un échantillon des vocables les plus choisis du répertoire de Francés. Et encore, comme on a des minots avec nous, il se modère….

BIVOUAC DANS UNE EXPLOITATION AGRICOLE, chez la famille ROUX
Ce dont je me souviens, c’est qu’on était installé le long d’un chemin avec de grandes bordures herbeuses où j’ai fait longuement pâturer LOURDE, à l’ombre de platanes, Il y avait aussi un mistral à décorner les coc…euh, les chèvres….Plus loin, il y avait la ferme, entourée d’immenses champs de légumes. On y a acheté des tomates et des aubergines, histoire de se faire une « bohémienne » au goût de paradis terrestre, et des œufs pour en faire une omelette fourrée du mélange précité. Dans le pré en face de la roulotte, il y avait de délicieux petits ânes gris, tout doux, de vraies peluches. Francés m’a prise en photo tenant deux d’entre eux par le cou, pendant qu’un troisième, invisible sur le cliché, était occupé à défaire les cordons de mon tablier. Nous avions déjà remarqué que LOURDE était effrayée par le bruit de ses fers sur du métal (une plaque d’égout, des rails…Nous avions déjà franchi quelques passages à niveaux, et à chaque fois elle avait fait un écart, pris le trot, effarouchée. Il suffit de le savoir, on est davantage attentif et voila. Sauf une fois. En plein cœur de la campagne, un passage non gardé, le fer de LOURDE qui tinte sur le rail…Cette fois, elle ne prend pas de la vitesse, elle pile sur place et refuse de bouger de là. Et pour couronner le tout, au loin, le bruit d’un train…Qui se rapproche. J’avais sauté à terre, et en la prenant à la têtière, j’essayais de la faire avancer. Rien à faire. Je voyais déjà la roulotte pulvérisée, LOURDE blessée quand quelque chose atterrit à mes pieds, et la voix de Francés « Ma veste ! Ma veste, noum de D… ! » Compris. J’ai jeté la veste sur la tête de LOURDE, et ainsi aveuglée, elle a bien voulu avancer. Il était temps ! On n’avait pas fait 10m que le convoi passait. J’étais verte, et Francés ne valait guère mieux « Je ne bois jamais à cette heure-là, mais pour l’occasion, si j’avais un verre de « rude », ce serait cul-sec ! » J’en avais autant à son usage.

Le retour à la ferme, il a été retentissant. Le temps de garer la roulotte et d’emmener LOURDE, Joël prévenait un client que le troupeau des chevaux allait changer de prairie et qu’il ne fallait surtout pas détacher celui qu’il achevait de brosser. Evidemment, il n’avait pas achevé sa phrase que l’autre avait détaché le cheval. Le troupeau a déboulé dans un nuage de poussière, foncé vers la pâture…et le cheval (un ardennais) leur a emboîté le pas au petit galop. Le gars a essayé de le retenir et s’est fait transporter jusqu’au bout du chemin, les pieds battant l’air, cramponné au licol…Poursuivi par les rugissements de Joël « FALLAIT PAS LE DETACHER ! PAS LE DETACHER…JE L’AI DIT…. » Le reste se perdra pour la postérité, non pas que je ne me souvienne de certaines bribes qui…hum…Mais on ne sait jamais qui pourrait me lire et sur un texte écrit, il n’y a pas de touche « contrôle parental ». Soyons honnête, la deuxième bordée a été pour nous quand on a avoué que la chaîne était restée à la ferme DALLAGNOLA. « VOUS SAVEZ COMBIEN ÇA COÛTE, UNE CHAÎNE COMME CELLE-LA ? ? ? » On en avait bien une idée, oui, et la ferme intention d’aller la récupérer aussitôt avec la voiture. Ce que Francés a fait illico, me laissant aux prises avec le barda et la roulotte, avec en musique de fond les grondements du maître du lieu. Rendons-lui justice, ça n’a pas duré. Sanguin, mais gentil. Pendant que je rangeais nos bagages et nettoyais la roulotte, le petit père Kiri était parti fureter dans les dépendances de la ferme. Je l’ai vu renifler à gauche, à droite, faire truffe-à-nez avec le lapin, puis emboîter le pas à une poule qui rentrait dans la grange. Le temps de le rappeler, il y a eu des cris affreux, des plumes ont volé…et mon grand braque est sorti à toute vitesse, la queue entre les pattes, les oreilles rabattues, il a filé se cacher derrière la roulotte. C’est ce jour-là qu’il a appris qu’il ne fallait pas aller em...bêter une poule qui a des poussins. Il ne l’a plus jamais fait, et à chaque fois qu’il a rencontré de ces boules de duvet pépiantes, il a toujours fait un large détour plutôt que de croiser Madame-Mère. Entretemps, Francés était rentré, ramenant la précieuse chaîne, Christiane arrivait justement avec un stagiaire, menant URGENT, un beau bébé à la robe foncée, qu’on commençait d’atteler. Les bagages étaient rangés, il faisait bon, on a partagé l’apéritif. La conversation a roulé sur les chevaux, jusqu’à ce que Francés parle de son rêve secret : un barbe ! Ce petit cheval du Maghreb, endurant, solide, bon à toutes les disciplines… « Mais j’en ai un, un barbe ! » fait Joël. Heureusement que Francés était assis, il ne tombera pas plus bas. « Non ? » « Si ! » Du coup, il faut aller voir la petite merveille. Joël l’emmène dans la prairie et le monte à cru, il fait un petit tour de piste suivi par une paire d’yeux débordants d’envie. C’est comme dans la chanson, « le rêve passe… »…Puis on a salué les « Nordistes » (c’était tout de même des Lyonnais) et nous sommes retournés dans notre Sud à nous…

Un an après, nous étions de retour. Prêts pour nouvelle randonnée…On retrouve la ferme et de nouveaux vacanciers, un couple charmant mais un peu âgé qui n’aurait sûrement pas la force d’accomplir tous les gestes de l’attelage et des soins au cheval. J’ai concocté durant cette année un petit livre d’illustrations détaillant ce qu’est un voyage en roulotte, que j’offre à Joël. Lequel le feuillette rapidement avant de lancer avec enthousiasme « Ah ben ça…C’est foutral ! » M’étonnera toujours… Une brève remise en mémoire des gestes du harnachement, ça revient tout seul. Bonne nouvelle, c’est LOURDE qui nous est dévolue à nouveau. Ma grosse peluche ! Quel bonheur de la revoir ! De marcher à nouveau à côté d’elle, si calme, si douce, si patiente… Demain, nous partirons sur la route, mais pour l’instant, Joël et Christiane nous invitent, restaurant chinois à Carpentras. La soirée a été très gaie. Ce que nous avons mangé, je ne m’en souviens plus. Mais je me souviens de l’après-repas. D’abord de l’alcool de riz offert par le patron. Joël qui s’esclaffe quand je demande « qui siffle comme ça ? » et repart de plus belle en voyant la tête que je fais après qu’il m’ait répondu que c’était moi ! Mais c’était vrai : les petits récipients (réservés aux seules dames, paraît-il) sont percés d’un trou qui fait que lorsque l’on boit, ça émet un sifflement. Je me souviens également de mon dessert. J’avais demandé « du gingembre confit », on m’en a servi une pleine soucoupe, deux, trois morceaux, ça allait, mais impossible de tout avaler. Nous étions déjà bien engagés sur la route d’Entraigues quand j’ai précisé que je n’étais pas venue à bout de mon dessert, Joël s’est tourné vers moi en riant « Mais c’est que c’est aphrodisiaque, ça, le gingembre ! » « HEIN ? » Ca, c’est Francés, qui vient de piler sur place « Et qu’est-ce que tu vous en avez fait ? » Ben, je l’ai abandonné sur place. « On retourne le chercher ! » Zou ! Il a fait demi-tour, et le garçon de salle n’en revenait pas de voir ce fada rafler le reste du gingembre prêt à retourner en cuisine et disparaître aussi vite qu’il était entré. Ceci dit, la réputation du gingembre sur certain point bien précis…C’est très surfait ! En arrivant à la ferme, quelques gouttes commencent de frapper les feuilles des platanes. Le temps de se souhaiter la bonne nuit, et on se prend un orage du tonnerre de Dieu (c’est bien le cas de le dire), qui même si je ne suis pas particulièrement peureuse, me fait quand même rentrer la tête dans les épaules. Les éléments se déchaînent toute la nuit…. Au matin, il ne reste de souvenirs de l’orage que des flaques d’eau où Kiri va joyeusement patauger (salopiaud !) et la nature rafraîchie sous un beau soleil naissant….Le temps idéal pour se mettre en route, on va chercher LOURDE, On réveille les Parisiens (ce sont des vrais !), on attelle et le voyage commence… Les sabots de LOURDE sur le bitume, le bruit lointain des pompes d’irrigation, les tracteurs qui sont déjà à pied d’œuvre et les cigales qui chantent à vous rompre la tête…Du soleil (déjà) comme s’il en pleuvait…C’est un beau pays, la Provence…On croise des champs à perte de vue, où se balancent les fines plumes des plants d’asperges, des vignes où j’ai bien du mal à empêcher Kiri d’aller marauder (il est maboul, ce chien !)…On roule entre des murailles d’arbres fruitiers, on salue en passant les cueilleurs…On traversera des localités…Robion…Cheval-Blanc, à la sortie des écoles où LOURDE remportera un franc succès auprès des gamins….Les Taillades, avec la roue du moulin, impressionnante…Le vieux village, où Kiri aura eu le choc de sa vie. Tout heureux d’être débarrassé pendant quelques semaines du redoutable chihuahua de ma mère, il a fallu qu’il grimpe jusqu’au-dessus de la rampe d’accès au vieux village, pour arriver devant une propriété de laquelle a jailli un bataillon entier de poisons mexicains : il y a avait bien une pancarte « Elevage de chihuahuas », mais il ne l’avait pas lue…

Ailleurs, c’est un mulet qui a voulu sortir du champ qu’on était en train de labourer pour présenter ses civilités à LOURDE. J’avais sauté de la roulotte pour aller l’attraper à la bride, et son propriétaire m’avait bien remerciée, ayant évité qu’il traîne la charrue sur l’asphalte.

BIVOUAC AUX TAILLADES (chez Michel VICINI)
Joël l’avait bien précisé « VICINI, il peut être un peu abrupt, mais quand on sait le prendre, ça va tout seul… ». De fait, si les indications pour la nuitée et l’installation de Lourde sont un peu brèves, il se dégèle très rapidement en me voyant caresser des moutons dans l’enclos. « Vous les aimez, les bêtes ? »J’adore ! Quand il apprend que nous sommes cavaliers, il offre le pastis et on discute chevaux avec passion…LOURDE n’étant pas à l’attache mais dans un enclos, et de plus dans un centre équestre, nous sommes beaucoup plus détendus (surtout moi !) pour nous éloigner un peu et aller visiter le village. Où Francés achètera une série de gâteaux chez le pâtissier local afin de les « analyser » (présentation, goût, texture…)Té, je vous crois, galavard de mis amour !!!! Quand nous venons récupérer notre jument, un groupe de jeunes part en ballade, ils montent comme des cow-boys (les cris et sifflets itou !), ils sortent de la cour comme des dingues et à quelques centimètres près, on passait sous les sabots. Mr VICINI les eng…. copieusement (ça me fait vaguement penser à quelqu’un…) mais sa harangue se perd dans le bruit de la cavalcade.

BIVOUAC AU CAMPING DE PERNES-LES-FONTAINES
Une fois LOURDE attachée à l’ombre d’un arbre, Francés fait voile vers le Syndicat d’Initiative pour régler notre hébergement et moi je commence les préparatifs de notre futur repas (nos Parisiens semblant croire que la présence d’un palefrenier et d’une cuisinière est comprise dans la location : ne les détrompons pas). Ce faisant, je jette un regard distrait par la fenêtre et…Tiens, un cheval ? LOURDE !!! Elle s’est détachée (comment a-t-elle fait ?), je suis égoïstement soulagée vu que ce n’est pas moi qui l’ai attachée mais ce n’est pas une raison pour la laisser faire sa promenade de santé sans surveillance. Elle est passée par un petit pont surplombant le ruisseau qui sépare le camping en deux, il n’y a pas l’ombre d’un piquet de tente à l’horizon et s’étale devant elle une belle étendue d’herbe bien verte. Il n’en fallait pas plus… Je fonce à la vitesse TGV à sa rescousse, elle lève vaguement la tête « Tiens, qui voilà ? » puis replonge goulûment sur la pâture. Pas décidée pour un sou à me suivre pour autant, on est si bien là, pourquoi voudrais-tu que je retourne au piquet ? Oui, pourquoi, au fond ? Elle n’a pas fait le moindre mouvement non plus pour s’éloigner. Alors je prends le licol et je la laisse pâturer tout son saoul. Je ne tarde pas à voir Francés apparaître « Qu’est-ce que vous fabriquez ? » (sous-entendu : « Quand est-ce qu’on mange ? ») Je fais pâturer un cheval qui s’est détaché tout seul, « avisse » à celui qui l’a attaché. Lequel est catégorique : « Pas possible ! » Comme disait le grand Molière « Je ne sais pas si c’est possible mais je sais bien que cela est ! »Et en plus, c’est la corde censée être fixée à l’arbre qui a cédé, elle devait être mal serrée. Passe le spectre de la prise de longe…Heureusement, placide comme personne, LOURDE est allée prendre son goûter au petit pas. Elle semble décidée à regagner le voisinage de la roulotte, bien bourrée d’herbe (c’est bon, hein ? Comme tu es bien gentille, on t’y emmènera encore). Et je me mets à mes casseroles…Pendant que nous mangeons, Kiri s’élance en aboyant furieusement et course deux de ses congénères qui ont eu la malencontreuse idée de venir y voir de trop près. Après la vaisselle, promptement expédiée aux sanitaires du camping (vous l’aurez, votre douche ! Moi non, la compagnie d’aragnes de la taille respectable d’une tartelette, très peu pour moi !), on s’avise qu’il serait utile de faire quelques courses. J’irai donc à l’épicerie que nous avons aperçue en arrivant, tout près de l’énorme fontaine moussue. « Je viens avec vous… » Vous allez nulle part ! Vous allez baby-sitter la demoiselle qui somnole à l’abri du feuillage. Il me connaît, pas la peine de discuter, il se résigne et s’installe sur l’herbe, un œil sur une revue de bouvine, un œil sur LOURDE. En sortant du camping, j’aperçois, couchés près des poubelles, les deux chiens que mon Kiri a mis en fuite, et apparemment il ne rêve que de recommencer. Je le mets au pied, sec. Il obéit, mais ça ne l’empêche pas de ronchonner quelques gracieusetés dans son langage bien à lui. Tout en faisant mes emplettes, j’interroge l’épicière « Ces chiens-là ? Ce sont des espèces de hippies qui ont campé pendant près de deux semaines, puis un matin, ils étaient partis et les chiens étaient restés…Depuis, ils restent là, ils font les poubelles, on leur donne parfois un peu de nourriture…Pauvres bêtes… » De fait, j’avais bien remarqué, ils sont maigres comme un cent de clous. Alors, à la fraîche, prétextant une envie de me dégourdir les jambes seule c.à.d. sans Kiri, vissé près de la roulotte sous la garde de son maître, je suis allée porter aux deux toutous une super gamelle viande mélangée aux meilleures croquettes de Kiri. Comme ils ne les a pas comptées, il ne s’en apercevra même pas. Francés tient absolument à aller prendre une douche « Vraiment, sans façons ? »Jamais ! allez-y si vous voulez, mais vous ne m’aurez pas. Cette nuit-là, je me suis relevée encore bien davantage, pour m’assurer que LOURDE n’avait pas bougé.
Les chiens…Quand nous avons quitté la place, ils étaient couchés sous un platane, ils faisaient peine. Tant et si bien qu’une fois de retour, j’ai rompu la tête de mon papet, qu’on est allé les chercher et qu’ils ont fini leur vie au mas. Mais c’est une autre histoire….

BIVOUAC A LAGARDE-PAREOL (chez le Maire du village)
On accède à l’emplacement du bivouac par un chemin assez étroit qui traverse la cour de la ferme, on s’enfonce dans les terres pour arriver à un espace dégagé, en bordure d’un ruisseau. Nous n’y serons pas seuls, un couple de campeurs est déjà en train de s’installer. Autour du ruisseau, une place bien accueillante s’évase en cuvette, ça paraît idéal. « Ne campez pas trop près de l’eau » prévient notre hôte « En cas d’orage, le ruisseau sort de son lit et submerge tout… » On fera attention. Nous emmenons LOURDE à bonne distance. Les campeurs ne tiennent pas compte de l’avertissement et on lit clairement dans leurs yeux la satisfaction de nous avoir « soufflé » le meilleur endroit. LOURDE bien installée, nous décidons d’aller faire un petit tour au village. En sortant de la ferme, on tombe sur un bébé dogue allemand, dont on vient de tailler les oreilles. Il a la tête surmontée de deux cônes de sparadrap d’un effet des plus comiques. Il vient faire du gringue à Kiri, se jette sur le dos, essaie de jouer…Il est tout mignon. Au village, nous nous asseyons à une terrasse, l’air est lourd, on a besoin de se rafraîchir un peu. Un caniche vient regarder Kiri sous la truffe et lui aboyer dessus. Il ne bouge pas : c’est une femelle. Toujours été galant, mon toutou. Un de ses pairs, il n’en aurait fait qu’une bouchée. Francés s’est absenté un moment. Mon regard fait le tour de la place, c’est joli, je ne m’en lasse pas. Francés revient, ça met fin à ma contemplation, il a des envies nettement plus terre à terre (« Alors, on mange, dites ? ». Et on repart vers le campement. On nous a conseillé de ne pas nous installer trop près de l’eau, mais l’endroit est idéal pour y mener LOURDE. Elle passe un bon moment à s’ébattre, à taper du sabot, au grand déplaisir des campeurs qui voient passer à leur hauteur une eau brouillée de terre. La nuit est tombée, mais la chaleur, non. On étouffe. Même avec la porte et toutes les fenêtres ouvertes. Vers 1 heure du matin, un énorme craquement, le ciel nous tombe sur la tête, un vrai déluge. Comme prévu, l’eau monte à une vitesse vertigineuse. Des cris nous parviennent et on voit les campeurs gicler de leur cuvette, pendant que leur tente et leur matériel se noient dans les tourbillons du ruisseau. Le gars sauvera les sacs in-extremis, pendant que la fille gémit et claque des dents sous l’averse. La tente, ils la récupéreront le lendemain, tout embrouillée dans des buissons en aval. La roulotte surmonte le cataclysme, on ne va quand même pas abandonner les naufragés…Ils finiront la nuit sur la couchette du bas, d’où on a « viré » Kiri (qui goûte très moyennement la plaisanterie). Le lendemain, café chaud et tartines les mettront en condition pour se mettre en quête du reste de leur matériel. Notre couple de Parisiens, c’est le deuxième orage provençal qu’ils essuient, et ça ne leur plaît pas trop. C’est vrai que quand les éléments se déchaînent, chez nous, c’est comme tout dans le Midi, avec démesure.

BIVOUAC « SAIS PAS OÙ » ( mais c’était chez un baroudeur qui guidait des randonnées à cheval en Patagonie).

Ca fait déjà un moment que notre LOURDE chérie cherche davantage la compagnie, semble d’humeur un peu fantasque, elle me rappelle ma Cascade à certaines périodes. Quand on constate un écoulement jaillissant de dessous le pompon qui lui sert de queue, le doute n’est plus permis : elle « chauffe » ! Ca ne change rien à sa capacité d’attention et à ses aptitudes à tirer la roulotte, mais dans certaines circonstances, ça pourrait compliquer les choses… Et ça les complique, en effet. Parce qu’en arrivant au ranch, déjà que la descente de la rampe d’accès est périlleuse, je tourne frénétiquement le frein (ce qui a été mon rôle à moi toute seule tout le temps du voyage), on entame le dernier morceau de la pente et horreur ! On voit débouler tout le troupeau des chevaux, crinière au vent, de toutes les tailles…Mon sang ne fait qu’un tour, celui de Francés aussi : s’il y a un étalon ou quoi que ce soit qui y ressemble dans le lot, on est mal parti ! Ma réserve naturelle s’efface devant l’urgence de la situation, je ne crie pas, je g….e littéralement pour attirer quelqu’un. Et ce quelqu’un sort de la maison, détourne la marée chevaline en faisant claquer une corde et à grand renfort de cris…Il les rabat dans un enclos qu’il referme aussitôt. Ouf ! LOURDE, elle, semble ravie de voir tous ces beaux spécimens et hennit joyeusement pendant qu’on dételle. Seulement, pas question que tu ailles faire des galipettes ! On la met dans un autre enclos, bien fermé, où elle parade et prend des airs relevés à l’usage de ses admirateurs. Oui, ça va, on l’sait, qu’t’es belle ! L’employé du ranch vient vers nous. Je n’en reviens pas : ce type, c’est UGOLIN ! Daniel Auteuil dans «Jean de Florette », le sosie parfait ! Son intervention lui a donné chaud, son premier mot, c’est « Moi, ici de l’eau je n’en tiens pas guère, que pour les chevaux…Mais si vous, vous en avez, je vous offre le pastis… » On ne va pas lui refuser ça. On va chercher la réserve d’eau et il concocte le mélange avec un doigté qui dénote une grande habitude. Francés avale son verre avec un plaisir évident, moi, je ne peux pas, je n’ai jamais pu, j’ai une sainte horreur du pastis. Alors, je profite d’un moment où « UGOLIN » déguste le sien en fermant les yeux, au bord de l’extase, pour envoyer l’intégralité du contenu de mon verre dans une complaisante touffe d’orties. Sacrilège ? Non, libation spontanée à la Mère Provence… Pendant que je prépare le souper, j’ai de la visite. De tout petits chevaux, et des poneys, viennent sans gêne aucune passer la tête aux fenêtres ou à la porte de la roulotte. Ils sont mignons, comme à chaque fois qu’on a acheté du pain on en a gardé du bien sec pour LOURDE, je leur en donne un petit bout à chacun, ce qui fait dire à Francés « C’est pas comme ça que vous les aurez dehors ! »Non, effectivement. Il y a même un minuscule qui essaie de poser ses petits sabots sur le marchepied….Alors Kiri se charge de leur faire comprendre à sa façon qu’ils doivent vider les lieux. Il a toujours eu un grand pouvoir de persuasion… Après souper, j’irai tenir compagnie à LOURDE avec Kiri (ça ne vaut pas un bel étalon, mais faudra bien t’en contenter) et Francés faire la causette avec « Ugolin ». Ce qui lui vaudra de se « taper » un second pastis, puis un troisième et de regagner la roulotte un tantinet « encigala »… Le lendemain « à l’heure où blanchit la campagne… », nous reprenons la route. Alors qu’on arrive au-dessus du raidillon, « Ugolin » agite sa casquette et lance un sonore « Au revoir, Moussu Francés ! » Nous attendons d’être à bonne distance, puis nous éclatons de rire : il n'a peut-être pas vu le film, mais il devrait jouer du Pagnol, celui-là !

Retour à la ferme, on dételle LOURDE, on plie bagage, on charge la voiture. On aide les Parisiens à rembarquer leur matériel, ils semblent ravis de l’aventure. J’ai chaud, je « colle » littéralement de transpiration et de poussière. Un tour sous la douche, tant pis pour les aragnes, je ne les vois même pas. On partagera un dernier verre avec Joël et Christiane, puis nous remettrons le cap sur Les Saintes. Avant, une dernière fois, dire au revoir à LOURDE, poser un bisou sur ses naseaux de velours, une dernière caresse… Ce n’était pas un au revoir, c’était un adieu, mais je ne le savais pas. Il y a des choses qu’il vaut mieux ne pas savoir….

Quand je suis sortie du coin douche (habillée, donc décente), Joël était près de l’enclos de l’étalon comtois. Et nous sommes revenus ensemble vers le devant de la maison, où se trouvaient Christiane et les autres. Le regard de Francés….Je ne l’ai compris que plus tard. Nous étions déjà sur le chemin du retour, quand il a dit, d’un air de pas en avoir « Il est plutôt bel homme, Joël… » Sans malice, j’ai répondu « Oui, il marque bien… » Cette expression de chez nous qui m’a échappé a signé l’arrêt de mort de notre carrière d’accompagnateurs des roulottes. Joël, il ressemblait trop à un gardian dont Francés savait qu’il était à mon goût. Sachant quel genre d’homme avait ma faveur, il entendait bien rester le seul exemplaire. Il n’y a rien de pire qu’un jaloux, et pendant très longtemps, il a pensé que nous avions « fauté » (il aurait fallu faire vite !!!) . J’avais depuis longtemps renoncé à le persuader du contraire. A quoi bon ? "Il n'est point de pire sourd....etc...." Ca lui a passé tout seul…Mais il est resté méfiant.

« LOURDE »….Cette image, sur la couverture, on voit bien la marque, le "jambon" sous l'oeil, j’étais sûre que c'était "elle".…Et le nom de l’auteur me l’a confirmé. Ce livre, j’ai voulu l’acheter. Je l’ai fait. Je l’ai lu, relu, relu encore…Au fil des pages, je visualisais parfaitement les différents endroits de la ferme, j’avais l’impression de m’y retrouver, je retrouvais les sons, les odeurs, même la piqûre de ces saloperie d'arabis. J’ai apprécié ma lecture, chaque ligne, le style, mais ce qui domine, c’est le pincement au cœur en pensant à LOURDE, à ce qu’elle a subi de certains « consommateurs ». Et en avançant, de page en page, je me sentais bouillonner une rage intérieure. Comment peut-on laisser ainsi un cheval (elle ou un autre, elle n’a sûrement pas eu le monopole de remorquer des parpagnats de cet acabit !) au soleil, sans eau, sans nourriture…Se laisser traîner par elle sous le soulèias, même en montée (en descente, ce n‘est pas plus excusable, d’ailleurs), sans descendre du char, sans aider en poussant ? Rétrospectivement, je leur en veux, à ceux qui n’ont vu en elle qu’un « moteur », un « engin de traction », un « objet ».…Elle était tellement plus que cela. En arrivant au dernier chapitre….Mon mari m’a demandé « Vous ne pleurez pas, dites ? » Si. Je lui ai tendu le livre « Vous vous souvenez de Monsieur Mouton ? » J’ai cherché la page, il a lu. Il a compris, lui qui n’a jamais sorti le fusil que pour libérer un biou ou un cheval à bout de forces, qui n’aurait pas supporté de voir ses bêtes partir sans ménagement dans un char pour le "carnage" (la boucherie), et qui essuie encore furtivement ses yeux en invoquant la poussière quand il parle de son tout premier cheval. « Vous savez, ma belle, ça c’est la dernière preuve de bonne amitié qu’on peut leur donner… » Sans doute, oui... "Pour faire ça, le Joël, croyez-moi qu'il devait bravement aimer sa bête, cet homme...." Ca, j'en suis sûre, moun gardian…


Dernière édition par CIGALE le Ven 19 Juil 2013 - 12:48, édité 1 fois
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Message  Annick Jeu 18 Juil 2013 - 22:04

C'est une belle histoire qui se termine tristement, Cigale.
Il vous reste le souvenir de Lourde et le livre pour revivre ces émotions.:bouquet:
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Message  Invité Jeu 1 Aoû 2013 - 21:51

Merci Cigale pour cette jolie histoire :bouquet: 
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