Le vieil homme est l'amer...

[j.r.garou]

Face à la mer immense, un beau soir nous rêvions
Les yeux brûlants d’amour, nous la contemplions
Avec ses moutons blancs et ses vagues berceuses
Tu étais contre moi et te disais heureuse

Les souffles qui flottaient exhalaient leurs parfums
Tendrement enlacés, vrai, nous ne faisions qu’un
De l’été prolongé la plus belle embellie
Tu te laissais aller, par l’amour amollie

Joue à joue, cœur à cœur, c’était le vrai bonheur
D’être l’un à l’autre avant cette langueur
Un essaim de baisers, qui créaient comme une onde
Se posaient sur ta nuque ou ta crinière blonde

En parfaite osmose, tous deux face à la mer
Comment imaginer ce qui me rend amer ?
Cinquante ans ont passé sur cette débandade
Voulue par un sauveur après rodomontades

La mer je l’imagine avec ses mêmes vagues
Sur les mêmes rivages où la vie se poursuit
Des lieux par nous bâtis, d’autres ont eu l’usufruit
Je ressasse tout ça et l’esprit extravague…

Jan

[ 1962 : Il y a cinquante ans – les accords d’Evian. 2012 ]

[Invité]

Bonsoir Jan,
Je comprends très bien ton ressenti, après toutes ces années heureuses, devoir quitter son pays, ses souvenirs, ses repères, cela doit être très très difficile.
Je connais des PN d'Oran qui ne s'en sont jamais vraiment remis.
En tout cas, tout ceci est très bien exprimé, on ressent bien le chagrin et l'abandon, cela ne doit pas être facile de tout laisser et de partir avec une valise et tout recommencer.
Merci Jan 999

[Annick]

Beau poème, Jan.
La mer est toujours là, bleue, devant les façades blanches.
J'ai regardé cet après-midi et avec beaucoup d'émotion, un reportage sur le retour aux sources d'une dame PN qui allait avec enfants et petits-enfants revoir les lieux qu'elle a quittés alors qu'elle avait 25 ans.
Je comprends combien vous avez dû aimé ce pays, les bords de mer sont magnifiques.

[Pétronille]

Beaucoup de nostalgie dans ce superbe poème. Les personnes que je connais qui sont retournées aux sources n'en sont revenues que plus meurtries encore, le mieux est de rester avec ses bons souvenirs car ils ne se terniront jamais.

[j.r.garou]

Campanule,

Oui cela a été très difficile, presque gênés de s'en tirer
alors qu'on en avait tellement laissés sur le carreau !
Bon dimanche; bises

Re Annick

Oui, "le ciel est bleu - la mer est verte - laisses un peu la fenêtre ouverte..."
on a essayé de la refermer, et vivre mais sans pouvoir oublier...
La mer se moque bien de tout ce qui se passe sur ses côtes...
comment voudrais-tu que je comprenne les masochistes qui retournent
se replonger dans des lieux ressemblants peut-être, mais tout autres
serait-ce déjà par la strophe de mon poème :
"Ce que nous avons bâti - d'autres en ont l'usufruit"
voir ça pour moi serait l'enfer, une seconde fois !!!!!!
Bon dimanche; bisous

Re Pétronille,
Merci encore pour tes lectures et tes analyses pertinentes de mes poésies
ainsi que de tes encouragements ( le poète comme le clown a besoin de bravos ! )
Bon dimanche; Bises amicales

Aujourd'hui "Il pleut sur la ville..." Mais je sais quelles langueurs s'ajoutent à ma nostalgie...
Jan

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