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Le Noël de PIKO

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Le Noël de PIKO Empty Le Noël de PIKO

Message  Invité Ven 3 Déc 2010 - 21:04

Bientôt Noël....A ceux qui aiment raconter des histoires à leurs petits-enfants, j'offre ce conte écrit pour ma fille, et que nous raconterons plus tard à la petitoune. La magie de Noël, c'est comme l'amitié, ça se partage.....


PIKO était un sapin. Un tout petit sapin. Tellement petit qu’il semblait n’intéresser personne. En été, les oiseaux venaient nicher dans les branches des grands arbres. En automne, les écureuils ne grimpaient pas dans ses branches et en hiver, la neige ne lui faisait pas un habit blanc comme aux autres sapins. Les grands sapins lui disaient que c’était « pour son bien », qu’ils l’entouraient et le protégeaient; qu’il valait mieux le cacher aux yeux des hommes. Ah, les hommes... Ils venaient parfois dans la forêt, on entendait des moteurs, des bruits de chaînes et de cognées, de grands craquements... Et après leur départ, il y avait de grands trous vides, des arbres partaient pour une destination inconnue et on ne les revoyait jamais. Pourvu que PIKO ne les connaisse jamais !

Pourtant, un jour, les hommes arrivèrent dans la sapinière. Terrifié, PIKO les entendait marcher avec leurs lourdes bottes, ahaner, frapper... Les arbres s’abattaient les uns après les autres. Les hommes se félicitaient d’avoir trouvé « de si beaux sapins pour Noël ». Les pas se rapprochaient, PIKO ferma les yeux... Quand il les rouvrit, tous les grands sapins étaient couchés, lui seul se tenait encore debout, si petit, si fragile. Les bûcherons l’entouraient, ils riaient et s’interpellaient « Eh, Grand Louis ! Tu as oublié celui-là ! » Grand Louis riait plus fort que les autres : « Ce serait-y pas que t’as besoin d’un cure-dents, Père Antoine ? » Sur cela, ils étaient d’accord : ce sapin-là était vraiment trop petit, ses aiguilles trop fines, ses branches trop délicates. Dans quelques années peut-être, mais pas maintenant ! Il pouvait bien rester là !

Quand les bûcherons furent partis, PIKO se rendit compte de l’ampleur du désastre : tous les sapins étaient partis, il était seul, vraiment abandonné. Le pauvre PIKO se mit à pleurer de minuscules larmes de résine que le gel figea comme des perles au bout de ses branches... La nuit avait couvert la terre de son manteau de velours sombre. Puis la neige se mit à tomber, silencieuse, épaisse et le couvrit d’un manteau blanc et glacé pour la première fois de sa vie...

Michel (dit « Micou ») et sa soeur Nicole (dite « Nicou ») se pendaient au cou de leur papa, froissaient son journal, envahissaient le fauteuil : « Pourquoi est-ce que nous n’avons pas de sapin à la maison ? Pourquoi ? Pourquoi ? » « Parce qu’on ne vend que des grands sapins et que nous avons une toute petite maison ! » « Et dans le jardin ? » « Et nous avons aussi un tout petit jardin ! ! ! Et puis ça suffit ! Et puis on n’en parle plus ! » Papa se réfugia derrière son journal qu’il déploya largement pour signifier aux enfants que le chapitre était clos. « Cette fois, il est vraiment fâché », souffla Micou. « Oui, nous ferions mieux de retourner dans notre chambre ! » chuchota peureusement Nicou. Ils se retirèrent sans bruit en fermant doucement la porte du salon.

Non, leur papa n’était pas fâché ; il était même un peu triste, caché derrière la « page des sports », il aurait bien voulu faire plaisir à ses enfants, mais un sapin...! Où l’aurait-on mis ? Une fois le sapin à l’intérieur, la famille se serait retrouvée à la porte.

Le souper fut lugubre; Papa mangeait en silence, Micou et Nicou avaient une mine de catastrophe et Maman était désolée. Alors, elle hasarda : « Mais Joseph, si on trouvait ... un tout petit sapin ? » « Oh oui, Papa, un tout petit, tout petit sapin... » Papa sourit sous sa moustache : «Quand vous avez une idée... Bon, d’accord, si vous trouvez un tout petit sapin...Mais vraiment tout petit ! » Les enfants sautèrent au cou de leur père « Oh merci, merci, Papa ! Demain, il n’y a pas d’école, nous irons dans la forêt... » « Au bord de la forêt ! », corrigea Maman, déjà inquiète. « Au bord, oui, promis ! Et nous trouverons le plus joli tout-petit sapin du monde ! »
Cette nuit-là, le frère et la soeur firent des rêves peuplés de boules et de guirlandes, de bougies qui éclairaient doucement les branches décorées d’un tout petit sapin.

Quand PIKO s’éveilla, il faisait déjà grand jour. Il étira ses petites branches toutes roides du froid de la nuit, les secoua et fut tout étonné de les voir couvertes de neige. Puis il se souvint, les bûcherons, le bruit, ses amis emportés au loin... Le coeur gonflé de chagrin, PIKO regarda autour de lui. Plus rien. Des grands sapins, il ne restait que les souches que la neige avait déjà recouvertes. Le vent, que rien ne retenait plus, jouait avec les branches de PIKO, c’était froid, bizarre... Il n’avait jamais connu ça. Il serra du mieux qu’il put ses petites aiguilles et soupira. Il aurait voulu que les grands sapins soient encore là à le protéger. Le protéger...de quoi ? Du vent, du froid.... Mais eux, qui les avait protégés des hommes ?

Timidement, un oiseau vint se blottir tout contre le tronc de PIKO. Heureux d’avoir de la compagnie, le petit sapin écarta doucement ses branches. Un deuxième oiseau s’approcha, puis un autre, et un autre, un autre encore... Puis ce furent les écureuils, une famille de lapins. Tous les petits animaux de la forêt venaient apporter un peu de réconfort au petit sapin esseulé. La neige lui posa délicatement un fin manteau blanc. Le vent du Nord, qui au fond n’est pas méchant, souffla moins fort et se fit moins froid. Il fredonna aux oreilles du petit sapin étonné une chanson qui parlait de « Divin Enfant » et de « Petit Papa Noël » et PIKO pensa que c’était bien joli....

De voir que tous faisaient de leur mieux pour lui tenir compagnie consola un peu le petit sapin. De toutes façons, il ne pouvait rien changer. Le mieux était encore de faire contre mauvaise fortune bon coeur et de s’accommoder de sa nouvelle vie de petit-sapin-tout-seul-au-milieu-des-animaux.

Et puis, au printemps, peut-être les pignes tombées sur le sol germeraient-elles ? Elles donneraient alors naissance à des brindilles vertes à qui il faudrait tout apprendre, et il deviendrait un grand petit sapin au milieu des tout-tout-tout-petits sapins... Allons, l’avenir n’est jamais aussi sombre qu’il paraît. Il souriait à cette idée lorsque des pas se firent entendre. Pas les grosses bottes des bûcherons, non, mais des petits pas décidés et rapides. Et des voix légères qui sonnaient clair dans l’air vif. PIKO frissonna de la pointe jusqu’aux racines : les hommes revenaient. « Ce sont des enfants ! » lui murmura un pinson qui fréquentait beaucoup les jardins publics en été. « Des petits hommes... »

Youpiiiiiiiiii ! ! ! Un cri sauvage vrilla le grand silence blanc. Les enfants se tenaient les mains et dansaient une ronde endiablée autour d’un tout petit sapin. « On l’a trouvé ! On l’a trouvé ! » chantaient-ils à tue-tête. « Je te l’avais bien dit ! » criait Micou à sa soeur. « Je savais bien qu’on y arriverait ! » renchérissait Nicou. Et ils repartaient de plus belle à sauter et à danser. « Il est superbe ! » « C’est le plus beau ! » « Vite, il faut le dire à Papa ! » Et aussi vite qu’ils étaient venus, les enfants disparurent. Seules de petites empreintes dans la neige épaisse témoignaient de leur passage...

« Youpiiiiiiiiiiiiiii ! ! ! » Le grand cri fit trembler PIKO de toutes ses aiguilles ! Les oiseaux filèrent à tire-d’aile, les lapins plongèrent dans leurs garennes et les écureuils s’enfuirent, petites flammes rousses furtives... PIKO vit les enfants danser de joie autour de lui. Ils semblaient ravis de le voir, mais le petit sapin était tout de même inquiet. Les bûcherons aussi étaient contents d’avoir trouvé les grands sapins. Et si ceux-là ...c’étaient de tout petits bûcherons pour un tout petit sapin ? Ils n’avaient pourtant pas l’air méchant, avec leurs grands rires et leurs joues rosies par l’air glacé. La petite fille, surtout, qui regardait gentiment le petit sapin. Et ils n’avaient avec eux ni chaînes, ni cognées qui font mal. Ils faisaient du bruit, mais ce bruit rendait heureux, il ne faisait pas naître la peur... Après tout, ils étaient peut-être tombés par hasard sur PIKO... Ils reviendraient peut-être lui dire bonjour une autre fois ? Le petit sapin se réjouissait d’avoir trouvé tant d’amis nouveaux en si peu de temps. Lui qui craignait tant la solitude !
Les animaux revenaient petit à petit ; le pinson (il était décidément très savant) expliqua à PIKO que ce qu’il avait vu, les enfants appellent cela « jouer », et il semble que ce soit une des activités principales des petits hommes. Ils crient aussi, mais pas toujours de la même façon. Le cri qui avait fait sursauter PIKO était un cri de joie : ça ne veut dire que des bonnes choses. Il y a aussi les cris de colère (« Rends-moi mes billes ! ») ou les cris de douleur (« Aïe ! Il me tire les cheveux ! ») mais ceux-là ne s’adressent jamais à un petit sapin. Donc un cri de joie, c’était une bonne chose, mais laquelle ? Qu’est-ce qui pourrait être bon à la fois pour un petit garçon, une petite fille et un tout petit sapin ?

PIKO en était là de ses réflexions et commençait à envisager son avenir avec plus d’optimisme lorsque... Mais oui, dans le lointain, c’était bien la voix des enfants que le vent lui apportait... Des voix de plus en plus proches ...Des voix qui disaient « Vite, Papa ! Vite, Papa ! » Puis il entendit le piétinement des bottines, mais accompagné cette fois par un pas moins impatient mais plus fort : les enfants étaient revenus, mais cette fois un homme les accompagnait.
L’homme ne criait pas, il ne faisait pas de gestes menaçants ; il restait là à contempler PIKO. Il n’avait pas l’air méchant non plus, et il ne portait pas de cognée. « Regardez comme il est beau, Papa ! » disait Micou. « Le plus beau des plus beaux petits sapins du monde ! » ajoutait Nicou « Et il a des petites aiguilles toutes fines, si jolies... » Les enfants ne se lassaient pas d’admirer PIKO, et leur père paraissait heureux aussi de le voir. Il sortit d’une musette une longue corde de métal brillant avec deux poignées de bois. « Allons, dit-il, ne traînons pas ! Micou, tu m’aideras à tirer la scie...Nicou, tu le feras tomber tout doucement quand nous l’aurons coupé.» Le couper ? PIKO sentit ses petites aiguilles se dresser de terreur ! Le couper ? Alors ce n’était pas du bien que lui voulaient ces enfants et cet homme ? La joie des uns peut donc venir du malheur des autres ?

Déjà, l’homme approchait la scie du tronc du petit sapin. « C’est drôle » dit Nicou « Tous les arbres que nous avons vus couchés étaient tristes et bruns, ils n’avaient pas de jolies feuilles vertes ou de petites aiguilles brillantes... » « Tiens » répondit le père « C’est normal, ces arbres-là sont coupés : ce sont des arbres morts. »

« Des arbres morts ? Mais alors, si on coupe le petit sapin... » « Ah, oui, évidemment, si on le coupe... » « Mais je ne veux pas qu’il soit mort ! » hurla Nicou en entourant PIKO de ses petits bras. « Jamais je ne te laisserai le couper ! » glapit Micou en se plantant résolument devant PIKO « Il est trop joli ! » « Il faudrait savoir ce que vous voulez ! » gronda Papa « Vous voulez un sapin, oui ou non ? » « On veut un sapin, mais on ne veut pas que tu le coupes... On ne veut pas qu’il soit moooort ! » sanglotèrent les petits avec un ensemble parfait. « Bon, d’accord ! Alors on rentre à la maison ! » dit Papa. Les enfants n’hésitèrent pas une seconde ; malgré leur déception, ils ne voulaient pas la mort du petit sapin. Et ils prirent en soupirant le chemin du retour, un peu tristes mais sans regrets. Comme les autres années, ils dessineraient un sapin sur du carton, et Maman les aiderait à le décorer.

Le Noël de PIKO Sapin10


PIKO l’avait échappé belle ! Le pinson lui expliqua qu’à Noël, les hommes font une grande fête pour célébrer la naissance d’un petit Enfant qui est venu sauver le monde. A cette occasion, ils font entrer un arbre (toujours un sapin) dans leur maison. On le décore avec des boules brillantes, des guirlandes dorées et des chandelles. Le sapin est vraiment le roi de ce jour-là. Mais sitôt la fête terminée, l’arbre tout sec est débité en bûches pour chauffer la maison des hommes. « Une bien triste fin » conclut le pinson « Crois-moi, tu as eu de la chance qu’ils te laissent ici ! » Le petit sapin voulait bien le croire ! Les enfants lui avaient sauvé la vie! Le soir tombait tôt sur la campagne ; les animaux avaient regagné qui leur nid, qui leur terrier... PIKO s’apprêtait à passer sa seconde nuit de solitude lorsqu’il lui sembla entendre du bruit sur le sentier. Pas d’erreur possible, même étouffés par la neige, c’était des pas, les pas d’un grand homme. Puis un feu follet sembla danser dans le sentier...Et le père des enfants, portant une lanterne, fut soudain devant le petit sapin. Son sourire brillait à la lueur de la chandelle. « Tu peux dire que tu m’en as fait voir, petit ! » dit-il en riant « mais cette fois, c’est la bonne : tu viens avec moi ! » PIKO se sentit perdu « Il va me couper ! » pensa-t-il, et il ferma les yeux pour ne pas voir venir la cognée. Grif,grif,grif... Etonné, PIKO regarda ce qui faisait ce bruit. Il vit l’homme qui, avec ses mains gantées de grosse laine, déblayait la neige. Puis, armé d’une pioche, il entreprit de creuser la terre gelée autour du petit sapin. C’était dur, l’homme peinait, pesait sur son outil, maugréait que PIKO était « un sacré bon sang de petit sapin ». Enfin, il se redressa et souffla longuement « Ah ça y est ! », fit-il satisfait. PIKO sentit qu’il l’étendait doucement sur la neige, puis qu’il enveloppait ses racines dans une toile à la fois rugueuse et chaude. Puis il se sentit glisser et l'homme l’emporta en sifflotant...
Le Noël de PIKO Sapin110

Bien qu’assez court, le chemin sembla interminable à PIKO. L’homme s’arrêta enfin à côté d’une masse sombre et poussa quelque chose qui s’ouvrit en grinçant. Il posa doucement le petit sapin sur le sol, puis ôta le sac qui entravait ses racines. Il le mit dans un trou assez grand, qu’il devait avoir préparé auparavant et recouvrit de terre le pied du petit arbre. Alors, il ébouriffa les petites aiguilles d’une main amicale « Allez, bonne nuit, petit ! ». Une lueur troua la masse sombre et l’homme s’y engouffra. Et ce fut à nouveau l’obscurité totale.

L’aube pointait à peine que PIKO était déjà réveillé. Il regarda autour de lui, infiniment surpris. Il se trouvait dans un petit jardin, clos d’une jolie palissade peinte en vert. Au bout du jardin, une petite maison au toit de tuiles rousses et aux volets du même vert que la barrière. Il était si étonné qu’il en oubliait d’avoir peur. « Salut, tu as bien dormi ? » sifflota une petite voix. Et le pinson se posa sur une de ses branches. « Bonjour, Pinson » dit PIKO « Hier l’homme est revenu pour me couper... » Le pinson éclata de rire : « Petit nigaud ! S’il t’avait coupé, tu ne pourrais plus me parler ! Rassure-toi, tu es bien vivant, il t’a planté dans son jardin, et c’est de la bonne terre, je m’y connais, à cause des vers, tu comprends... » Et c’était vrai que PIKO sentait la vie monter de la terre dans ses racines. Tout ragaillardi, il allait demander au pinson ce qui avait crié en grinçant dans la nuit lorsque les volets s’ouvrirent à la volée ; on entendit des « OOOHH ! » et des « AAAHH ! » puis « Papa, Maman, vite ! Le petit sapin est venu chez nous ! » Un manteau passé à la hâte sur leur pyjama, les enfants déboulèrent dans le jardin. « Comme il est beau ! » « Et comme ses aiguilles sont fines... et brillantes » « Rentrez déjeuner ! » cria Maman « Le petit sapin ne va pas se sauver ! » conclut-elle en riant.

« Qu’est-ce qu’ils vont me faire ? » demanda PIKO quand les enfants furent rentrés. « A mon avis, dit le pinson, ils vont te transformer en sapin de Noël ... Un sapin de Noël très spécial... Mais voilà déjà les enfants, je me sauve, à bientôt ! » Et il s’envola avec un petit rire joyeux. Un sapin... de Noël... très spécial... Un mystère de plus !

Les enfants tournaient maintenant autour du petit sapin ; ils le regardaient, s’éloignaient un peu, revenaient, se concertaient. « Tu ne crois pas qu’il sera malheureux tout seul ? »demandait la sensible Nikou « Mais non !D’ailleurs, quand nous sommes sortis, j’ai vu un oiseau s’envoler de ses branches : il s’est déjà fait un ami ! Allons, ne traînons pas, il faut le décorer, passe-moi les guirlandes ! » Et les enfants sortirent d’une caisse qu’ils avaient amenée de la maison guirlandes scintillantes, boules multicolores, lampions et d’autres encore... Toutes les décorations qui n’avaient plus servi depuis qu’ils habitaient la toute petite maison. « Ah non, pas de guirlandes dorées...Ca fera peur aux oiseaux", dit Nicou. "Pas de boules de verre ! » prévint Maman « Pour que le vent les casse ! » « Mais qu’est-ce qu’on va mettre, alors ? » demanda Nicou « Les chandelles, les lampions ? » « J’aurais trop peur qu’il brûle ! Je ne veux pas ! » Nicou était déjà prête à pleurer. Mais si on ne pouvait rien mettre dans les branches du petit sapin, comment lui donner un air de fête ? Les enfants se regardaient, désolés. « Venez, dit Maman, j’ai une idée que je crois bonne ! Tous dans le salon ! »
Quand Papa rentra du travail, il trouva Micou en train d’enfiler des cacahuètes sur de longues, longues ficelles. En face de lui, Nicou faisait de même avec du pop-corn tout blanc, on aurait dit de la neige fraîche. « Hmmmm, ça sent bon par ici ! » dit Papa en se dirigeant vers la cuisine. « Chic ! Des biscuits ! Des pains d’épices » se réjouit-il en tendant déjà la main vers une platine couverte d’appétissantes merveilles dorées. « On ne touche pas ! » gronda Maman en le menaçant d’une cuiller en bois « D’abord parce que c’est chaud, et ensuite... » « Ensuite ? » « Vous verrez bien ! » dit Maman en souriant mystérieusement. Elle-même mettait la dernière main à une étrange besogne.

« Est-ce que vous avez fini, les enfants ? » « Oouuiiiiii ! » répondirent-ils en choeur. « Alors, mettez vos manteaux, vos bonnets, vos bottines et...suivez moi ! » Elle les emmena dans le jardin. Dans une grande panière d’osier, elle avait mis les guirlandes confectionnées par les enfants, les biscuits noués de jolis rubans et sa dernière préparation : de petites boules de graisse incrustées de graines de toutes sortes, avec un fil de fer pour les suspendre. « Voilà, dit-elle, avec ces décorations, Noël sera une vraie fête pour tout le monde ! Et je ne serais pas étonnée si demain au réveillon, nous avions des invités ... » On suspendit dans les branches du petit sapin toutes ces choses, simples et belles à la fois. Maman ajouta quelques pommes reinettes, rouges et brillantes, minuscules mais qui avaient un parfum de paradis. « Et maintenant, la touche finale ! » dit Papa. Et il couronna PIKO d’une étoile de paille qu’il avait fort habilement tressée. « Il est magnifique ! » Heureux, tous admiraient le tout petit sapin qui leur apportait un si grand bonheur.
Cette nuit-là, les enfants firent des rêves de sapin, de bûche au chocolat décorée de houx, de petits anges aux ailes si douces qui chantaient des cantiques... Quelle surprise avait été la leur en découvrant le tout petit sapin dans le jardin, presque sous leur fenêtre ! Et puis la fabrication des guirlandes, les biscuits qui sentaient si bon, les sourires de Papa et Maman, quelle belle journée ils avaient vécue. Ils en souriaient encore dans leur sommeil...

Ils auraient été bien étonnés s’ils avaient pu voir ce qui se passait dans leur jardin ! Dès que le dernier rai de lumière eut disparu entre les lattes des volets, des ombres furtives se glissèrent sous la clôture ou la franchirent d’un coup d’aile. « Coucou ! Tu vas bien ? Nous sommes tous venus te voir ! Pinson nous a raconté... » Oui, ils étaient tous là, ses amis du petit bois, les lapins, les écureuils, les oiseaux ... Ils avaient bravé le froid et la nuit pour venir voir le petit sapin, et cela fit chaud au coeur de PIKO. « Vous savez, quand Papa (déjà il ne disait plus « l’homme ») quand Papa, donc, m’a emporté sur son dos, j’ai eu bien peur... » « Il pensait qu’on l’avait coupé ! » pouffa le pinson moqueur. « Chhhhhtttt ! » firent les animaux. « Mais personne ne m’a fait de mal, au contraire, continua PIKO. Papa m’a planté dans le meilleur coin du jardin et Maman a confectionné toutes ces choses que les enfants ont accrochées à mes branches. Vous voyez comme c’est joli ? » « Très joli ! » approuvèrent ses amis. « Délicieux surtout ! » fit un moineau gourmand « Mmmmm, des graines ! Des biscuits ! » « Des pommes reinettes ! Mon régal ! » siffla un merle. « Il se fait tard ! » trancha le pinson « Nous allons souhaiter la bonne nuit à PIKO ! Nous reviendrons demain pour voir si nous pouvons goûter un peu à toutes ces bonnes choses... » Et ils se retirèrent sur la pointe des pattes, du bout des ailes... Le petit sapin s’endormit heureux, sûr de n’être plus jamais seul.

Le lendemain, le soleil se leva sur une magnifique journée d’hiver. Le givre avait brodé ses dentelles sur les vitres de la maison, des glaçons pendaient en guirlandes le long de la corniche et la neige prenait des tons de nacre sous les pâles rayons qui la caressaient. PIKO ouvrit les yeux et étira précautionneusement ses branches : il s’agissait de ne pas faire tomber guirlandes et biscuits ! Il se réjouissait déjà à l’idée de revoir les enfants.
Frrrttttt ! trois mésanges, deux merles et un rouge-gorge venaient de se poser sur le petit sapin, bientôt rejoints par d’innombrables moineaux et ...Pinson, bien sûr ! « Cuicui, nous sommes venus te dire bonjour ! Et déjeuner aussi...Tu crois qu’on peut goûter à toutes ces bonnes choses que tu portes ? » PIKO réfléchit : « Si vous n’en prenez pas trop, je suppose que oui. Après tout, vous êtes si petits et il y en a tant ! » Les oiseaux, qui n’attendaient que cela, ne se le firent pas dire deux fois : ils se mirent joyeusement à table. Ah, les pommes reinettes... Ah les graines choisies...Ah les cacahuètes dorées...Ils s’en donnaient à coeur joie !

Pendant ce temps, Maman se glissait silencieusement dans la chambre des petits. « Ne faites pas de bruit, chuchota-t-elle, et approchez-vous de la fenêtre : vos « invités » sont là ! » Micou et Nicou se glissèrent jusqu’à la fenêtre avec des ruses de Sioux, et le spectacle les laissa sans voix : dans le jardin, une nuée d’oiseaux voletait de-ci de-là, dans les branches du petit sapin, ils tournaient, piaillaient à qui mieux-mieux, picoraient les pommes, se pendaient aux guirlandes...Le bleu et le jaune des mésanges, le plastron du rouge-gorge, le noir bleuté des merles « On dirait des boules de Noël vivantes ! » murmura Micou. « Comme ils sont mignons ! » dit Nicou dans un souffle. « Ils sont surtout affamés ! Pas vous ? » demanda Papa qui rentrait justement « Surtout que je viens de passer par la cuisine où une bonne odeur de chocolat chaud et de pain grillé vous chatouille le nez ! » Les enfants étaient déjà en bas ! Autour de la table, il n’y avait que des regards heureux. « Tu as vu les amis du petit sapin, Papa ? » « Oui, je les ai vus... Mais j’ai vu aussi qu’ils ne sont pas les seuls à nous avoir rendu visite : sous le petit sapin, il y avait une foule d’empreintes... Lapins, écureuils ... Je crois que tout le petit bois s’est donné rendez-vous cette nuit dans notre jardin ! » « Bien, dit Maman, alors il faudra aussi préparer le repas de fête de nos petits invités-surprises. »

La journée se passa en préparatifs de toutes sortes. La dinde dorait doucement dans le four, Nicou avait épluché les pommes pour la compote et Micou avait dressé une vraie table de fête. Papa avait décoré le salon avec des branches de houx, si brillantes qu’elles semblaient vernies. Les chaussettes des enfants pendaient au manteau de la cheminée, dans l’attente du Père Noël. Une grosse bûche brûlait dans l’âtre et répandait une douce chaleur. Toute la maison respirait un bonheur simple, mais profond...Quand le soleil fut couché, toute la famille sortit dans le jardin. Papa alluma une myriade de petites chandelles autour de PIKO, pas trop près pour ne pas risquer de le voir prendre feu. On chanta des chants de Noël, Papa raconta la belle histoire du Petit Jésus, Maman distribua du chocolat chaud et mousseux. Le repas qui suivit fut très gai. Le Père Noël était venu pendant qu’ils étaient au jardin, si vite que personne ne l’avait vu...et pourtant il avait laissé cadeaux et bonbons devant la cheminée ! La soirée passa dans la joie, Nicou berçait une jolie poupée blonde et Micou ne se lassait pas de remonter son train à ressort.

Enfin, la cloche de la petite église sonna la messe de minuit. Toute la famille se vêtit chaudement avant de sortir dans la nuit. Il sembla à PIKO que la lanterne de Papa lui faisait un clin d’oeil au passage. Avant de partir, Maman déposa au pied du petit sapin carottes fraîches, chou croquant, pain bien sec, noix et noisettes... Le festin de Noël des animaux du petit bois... Puis tous se hâtèrent de prendre le chemin du village.

Le silence se fit dans le jardin. La lune versait un halo bleu sur la campagne, et la neige se mit à tomber doucement sur le premier Noël de PIKO.
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Message  Invité Sam 4 Déc 2010 - 17:10

:bravo: Cigale, un très joli conte de Noël que je vais imprimer et lire aux enfants dont je m'occupe le lundi (ateliers contes et lectures)
Je me suis régalée :bravo: 999 :fleurs: bouquet
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Le Noël de PIKO Empty Re: Le Noël de PIKO

Message  rosine Sam 4 Déc 2010 - 20:16

Merci Cigale pour ce joli conte de Noël. Je vais le lire à mes petits-enfants, ils vont certainement adorer.
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Le Noël de PIKO Empty Re: Le Noël de PIKO

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