L'Homme des bois...

[j.r.garou]

Un jour j’ai trouvé au bord de la route
Une chaumière au milieu des forêts
Où la lumière l’enveloppant toute
M’a transporté vers cet havre de paix

J’avais marché longtemps ne respirant guère
Suant et soufflant le fruit de ma douleur
Il coulait navré le long de mes paupières
Pas la joie : un remugle de rancœurs

J’avais grelotté en glaciales saisons
Sans bûches ni charbon. Pas le moindre fagot
Quelques vieux cartons en guise d’édredon
Au creux de milles songes, les yeux mi-clos

J’avais eu faim et soif, pourtant je riais
A plein d’histoires devant un café-crème
J’allais sans allégresse, ne mendiant jamais
Peur des affronts et de divulguer ma haine

J’ai souvent supporté le froid et la faim
Sur un pauvre corps sans fourrure ni laine
J’ai croqué des racines comme mets des plus fins
Jusqu’à cette cabane enfin un peu de veine

La nuit m’enveloppe comme dans un cocon
Offrant son silence calme et mystérieux
Espoir d’aurore, de terre qui tourne rond
Mon regard extasié monte vers les cieux…

Jan

N.B : J'ai extrapolé sur ce qu'il m'avait raconté...

[Invité]

Bonsoir Jan.

C'est une belle histoire.
Cet homme qui ne possède plus rien et qui reste digne.
C'était sans doute un homme marginal, ou avait-il tout perdu, travail, famille.....
On a l'impression qu'il attend que la mort le délivre ?
Merci ami poète et bravo.
L'image de Manany est très belle également.

[manany]

c'est le lot des sans abri jan j'espère qu'il s'en ai sorti mais c'est bien triste bisous

[Annick]

Très joli poème, Jan.
Cet homme a peut-être préféré vivre ainsi, c'était sa liberté.
Mais c'est une vie bien difficile, surtout à la mauvaise saison.
J'aime bien la composition de Manany qui se prête bien à ce poème.

[Z06]

émouvant Jan

belle création Manany

[j.r.garou]

Campanule, Manany, Annick, Z06,
Merci de votre lecture mes amis. Je me dois d'étoffer ce poème
en prose au vu de vos questions.
L'image de Manany est émouvante et rend bien compte de ce
fier isolement voulu...
J'étais en cure thermale à Allevard, et j'en profitais pour... courir
à pied le matin. Au dessus de la ville côté nord, le massif de Bramefarine
c'est là qu'était la cabane. Nous nous sommes d'abord salués, son vieux
chien aboyant gentiment sur mon passage. Puis je l'ai interpellé car il
avait aussi un renard apprivoisé, le seul que j'inquiétais !!
Il était Etranger ( pays de l'est ) engagé à la légion étrangère, Français
après cinq ans de légion, viré de l'armée après avoir été blessé en Indo.
"Ma patte raide ne me permettait plus de marcher au clairon" et toute,
toute petite pension...
Trés amer au début sans doute, en tout cas, plus dans ses propos dithyrambiques
sur la nature et sa vie d'homme des bois. Comme il ne fumait pas, ne buvait pas
( Eh ! non, tous les légionnaires ne boivent pas ! ) il subsistait tout juste, faisant
des petits boulots parfois : "moi, je ne fatigue pas, mais ma jambe oui !"
seul bémol : lui, il portait la barbe, Manany ( ! )
En entraînement on ne s'arrête pas, mais là, je l'ai fait quasiment chaque fois :
Il se rattrapait du silence où il vivait en me contant sa vie et ses exploits qui
avant d'avoir été guerriers, avaient été moins avouables en son Pays d'où sa
venue en France et son engagement ...
Je salue la mémoire de ces braves : lui, son chien et son renard qui ne sont certainement plus de ce monde...
Avec toutes mes amitiés
et 999 mesdames

Jan

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