Rêve récurrent ( sans la lettre o)

[TITEFEE]

Rêve récurrent… lipogramme de O


Quand au petit matin, cette même pensée
Accélère le sang en augmentant ma peur
Je me lève en sursaut me traitant d’insensée
Et me fais un tilleul qui apaise le cœur.

Ce rêve récurrent, survient à la même heure
Et s’acharne à créer à jamais identiques
les hauts murs délabrés d’une vieille demeure
abritant en ces lieux des secrets dramatiques.

Je ne sais pas d’ailleurs quelle en est la teneur
Mais sens distinctement une vague présence
Se plaquer à ma chair et devient très gêneur
l’impensable désir de braver ce silence.

Je franchis le vantail qui lentement s’écarte
Devant de grands cyprès griffant un ciel très gris.
La brume qui descend efface la pancarte
Dans laquelle je butte au milieu de débris

à suivre, si vous le voulez bien

[Shalimar]

Très bien exprimé, ce rêve qui revient souvent et plonge notre être dans l' angoisse .

Bravo également pour avoir ecrit tous ces vers sans employer la lettre "o".

J'attends la suite...

[Invité]

Titefée et merci

[TITEFEE]

Etrangement laiteux, l’éclat des lampadaires
Eclaire des statues aux visages cachés.
Tels les représentants de rites funéraires,
Les gisants ébranlent ma fragile psyché.

Je ne peux plus crier, restant pétrifiée
Car mes lèvres scellées encellulent le cri,
Qui hurle au-dedans mes peurs injustifiées
D’être la séquestrée de ce curieux abri.

Quand la lune, éclairant le firmament bleuâtre,
Répand sur le jardin des teintes effaçant
Les mystérieuses stèles de marbre et d’albâtre,
Je reprends mes esprits, la terreur s’espaçant.

Sur les escaliers aux dalles disparates,
Un chat aux yeux anis me fixe sans ciller.
Ce regard aimanté, aux différentes strates
De verts acidulés, s’amuse à me railler.

... à suivre

[TITEFEE]

Merci à vous pour vos lectures et vos commentaires encourageants.

Suite 3

La bâtisse m’attend. Ses petites fenêtres,
cavités béantes, identiques à des yeux,
Que le temps à blanchi d’une fleur de salpêtre,
Claquent brutalement, dans ce vent furieux.

Des feuilles me giflent, se perdent en mes cheveux,
La demeure m’appelle, serait-ce le salut ?
Je m’enlise à présent dans un terrain fangeux
Détrempé par la pluie et le vent fait chahut.

Brusquement une issue attire le regard.
Deux vantaux sur le seuil lentement se déplient.
Me trainant jusqu’à l’huis, le visage hagard,
J’entends distinctement des cris qui me supplient.

Je ne peux reculer, il me faut pénétrer
Dans cet antre secret qui semble, là, m’attendre
Depuis bien des années, afin de perpétrer
Les réminiscences puis, au silence les rendre.

[j.r.garou]

Pas une "histoire d'O"
Pas un désert sans 'o'
Une bien belle histoire
Ton talent est méritoire...

Jan

[Shalimar]

J' ai été tenue en haleine jusqu' au dernier mot...dans ce voyage dans l'inconscient.

Quel talent !

[TITEFEE]

Mais ce n'est pas totalement fini shalimar... un peu de patience.

Suite 4

Je brave le danger car la peur du mystère
Est plus délétère que le péril lui-même.
Blafarde, se répand une étrange lumière
N’éclairant que mes pas, d’un rai de faisceau blême.

Je ne distingue rien et ne peux qu’inventer
Ce qui, devant mes yeux, présenterait un piège.
Sans plus aucun repère, il me reste à tenter
De suivre par instinct mais sans être un stratège.

Faisant de grands cercles de mes pieds, je m’engage
Sur un tracé secret, qui va s’éclaircissant.
Je réalise là, que dans cet arpentage,
D’un plancher affaissé, le vide est bien présent !

Vétustes et tenues par de grands madriers
Les planches fléchissent, tandis que je franchis
Etant attentive, bras en balanciers
Cet univers abstrus trahissant un gâchis.

il n'en reste plus qu'un épisode....

[TITEFEE]

Suite 5

De l’eau stagnante en bas, l’espace a envahi.
Faisant fi des relents déclenchant la nausée
Je persiste et atteint un palier infléchi
Dans une spirale, abrupte et malaisée.

Sur les eaux surnageant, des lettres et images
Achèvent le tableau, suscitant l’embarras.
Je ne peux détacher, mes yeux de ces naufrages
Et je me regarde, gisant dans cet amas.

Si l’être subsiste dans ce milieu putride
Je reste à la surface, le visage apaisé.
Je me sais divisée car cette chair livide
N’est plus qu’un vieux sac que camarde à baisé.

Une grande lueur, éclaircit brusquement
Les murs qui prennent vie au fur et à mesure
Qu’un bel arbre grandit avec acharnement
Me hissant au plus haut de sa verte ramure.

à suivre encore ... un épisode.

[TITEFEE]

Suite 6

Je ne sais pas d'ailleurs, ni par quels artifices
Cet arbre prend l’aspect maintenant d’un radeau
M’écartant de ces lieux et de ces maléfices
Nimbée de lumière, et ceinte d’un bandeau.

Sur l’eau transparente laissant pendre ma main
Je repêche un à un des esquifs de papier
Sur lesquels je peux lire dessiné au fusain
Un terme que plus tard je saurais apprécier.
Le ciel est devenu bleu, les nuages s’invitent
A suivre le chemin que je prends à présent
La terre et le ciel dans l’espace gravitent
Mais je sais qu’ils m’incluent en eux en même temps.

Le vent en murmurant, me répète inlassable
Le même terme lu, sur les frêles bateaux
Je n’ai su bien plus tard qu’il serait guérissable
Et saurait à lui seul alléger mes fardeaux.

et ce terme est SALUT

Un fragment d’écriteau, aperçu au jardin,
Surnage lui aussi, entre mer et le ciel.
Dans ces lettres, gravées finement au burin,
Je lis avec stupeur, unique et essentiel :

LIBERTE

[Contenu sponsorisé]