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Jus de la treille et nectar verbal...
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Jus de la treille et nectar verbal...
Mon Papet était le meilleur homme du monde...Il avait un coeur grand comme ça, mais il se serait fait passer sous la presse à olives plutôt que de l'avouer! Comme on dit, "un coeur tendre sous une rude écorce". Il aurait donné sa chemise.... Vous lui auriez demandé une grappe de raisin, il vous en donnait un panier. Mais il n'admettait pas qu'on se serve!
Un jour, en fin d'après-midi, nous étions allés lui et moi faire une petite promenade "apéritive" sur la route.
Soudain, il se fige sur place, me croche le bras et m'indique du doigt une direction....Une voiture est arrêtée sur le bas-côté, immatriculée 92 et à côté de la voiture : des PARISIENS ! En train de se gaver sous SON nez, presque sous SES moustaches de SON raisin de paradis!!! Notez que je n’ai rien personnellement, mais rien ! contre les natifs de Lutèce ...Seulement, le "Parisien" (que les 75, 90, , 92, 93, 94 et assimilés me pardonnent) est et sera toujours dans la ligne de mire du "provincial", c'est comme ça et on n'y peut rien. Si de surcroît, le "provincial" est "paysan" et "provençal", on peut atteindre à l'épique!
"Ah Mildiou de miladiou de mildiou!" Il leur a foncé dessus. "Oh dites, le raisin...Vous en avez mangé?" Une voix légèrement courroucée et teintée d'un joli accent d'Ile-de-France lui répond "On ne vous l'a pas massacrée, votre vigne hein!...Et si vous voulez, le raisin, on va vous le payer...." Le Papet prend un air catastrophé, fourrage son chapeau, signe d’une profonde émotion : "C'est pas ça...Mais cette vigne, mildiou...que je viens de la sulfater, moi!" Une onde d'inquiétude passe sur les Parisiens "Et...C'est dangereux?" Le Papet prend une voix d'outre-tombe "Si c'est dangereux?! Regardez que même les chiens ils le sentent : ils n'y touchent pas!" En fait, si les chiens n'y touchaient pas, c'était parce que nous étions là, s'ils avaient été seuls, ils ne se seraient pas privés! Le Papet me prend à témoin : "Tu te rappelles, pitchouno, quand le grand Toni (un ouvrier agricole) s'est pris le casse-croûte sans même s'être lavé les mains?...Il venait de sulfater..." J'embraie immédiatement "Oh Boudiiiiiiii ! Si je m'en souviens, Papet...On a bien cru qu'il allait y passer..." (J'avoue loyalement que le grand Toni, cueilleur de son état, n'avait jamais sulfaté et qu'il se portait comme un olivier centenaire!)…***
Dans la seconde qui a suivi, nous avons eu droit à ce réjouissant spectacle : nos Parisiens, en ligne au bord du chemin, restituaient à notre belle terre vauclusienne les bons produits de son sol fertile ! ! ! Puis ils sont remontés en voiture et ont démarré sans demander leur reste. Le Papet et moi nous sommes regardés, nous nous sommes laissés tomber assis sur le talus et avons piqué un fou-rire d'anthologie!!!
Il était comme ça, le Papet...Et depuis ce jour-là, à chaque fois qu'il voyait une voiture arrêtée, si la plaque ne portait pas 13 ou 84, il me disait toujours avec un clin d'oeil "Oh pitchouno, si on allait voir?...Des fois qu'on pourrait leur faire le coup du "sulfaté" ...." Il ne s'en est jamais lassé.
N’allez surtout pas croire que nous, les Sudistes, sommes des galéjeurs (voire des menteurs) pathologiques. Au contraire, nous avons pour le mensonge une irrépressible aversion, le mensonge que pratiquent les béotiens qui ne sauront jamais la divine saveur que distille une galéjade bien menée. Nous sommes des orfèvres de la langue (la nôtre, s’entend) et nous savons avec doigté et délicatesse en user des outils. Car d’outils, il y en a plusieurs…
La plus connue, la galéjade : c’est tout l’art de dire une « hénaurmité » dans une conversation qui sans cela serait d’une navrante banalité, en sachant parfaitement que personne ne vous croira mais que tout le monde applaudira à votre imagination et à votre sens de la narration.
Vient ensuite le mensonge de finesse : encore une fois, rien à voir avec le mensonge grossier pratiqué par le vulgaire. Il s’agit ici en présentant un sujet anodin de soutirer à votre interlocuteur des renseignements sur un autre sujet, le tout sans qu’il s’en aperçoive. Ou encore, de parler d’une chose sans heurter l’exquise sensibilité de votre vis-à-vis. Le mensonge de finesse est à la parole ce qu’est le Tanagra à la statuaire.
Et enfin, la vérité du dimanche , un joyau enchâssé dans le trésor de la langue provençale ! N’allez pas croire qu’il s’agit d’une vérité qu’on ne peut pratiquer que le jour du Seigneur ou aux fêtes carillonnées. Non, la vérité du dimanche est tout simplement une galéjade ou un mensonge (de finesse, bien sûr) qui a été répété tellement de fois que c’en est devenu une vérité.
Et ça, je vous le jure sur les arêtes de la sardine qui jadis bloqua le port de Marseille….
Un jour, en fin d'après-midi, nous étions allés lui et moi faire une petite promenade "apéritive" sur la route.
Soudain, il se fige sur place, me croche le bras et m'indique du doigt une direction....Une voiture est arrêtée sur le bas-côté, immatriculée 92 et à côté de la voiture : des PARISIENS ! En train de se gaver sous SON nez, presque sous SES moustaches de SON raisin de paradis!!! Notez que je n’ai rien personnellement, mais rien ! contre les natifs de Lutèce ...Seulement, le "Parisien" (que les 75, 90, , 92, 93, 94 et assimilés me pardonnent) est et sera toujours dans la ligne de mire du "provincial", c'est comme ça et on n'y peut rien. Si de surcroît, le "provincial" est "paysan" et "provençal", on peut atteindre à l'épique!
"Ah Mildiou de miladiou de mildiou!" Il leur a foncé dessus. "Oh dites, le raisin...Vous en avez mangé?" Une voix légèrement courroucée et teintée d'un joli accent d'Ile-de-France lui répond "On ne vous l'a pas massacrée, votre vigne hein!...Et si vous voulez, le raisin, on va vous le payer...." Le Papet prend un air catastrophé, fourrage son chapeau, signe d’une profonde émotion : "C'est pas ça...Mais cette vigne, mildiou...que je viens de la sulfater, moi!" Une onde d'inquiétude passe sur les Parisiens "Et...C'est dangereux?" Le Papet prend une voix d'outre-tombe "Si c'est dangereux?! Regardez que même les chiens ils le sentent : ils n'y touchent pas!" En fait, si les chiens n'y touchaient pas, c'était parce que nous étions là, s'ils avaient été seuls, ils ne se seraient pas privés! Le Papet me prend à témoin : "Tu te rappelles, pitchouno, quand le grand Toni (un ouvrier agricole) s'est pris le casse-croûte sans même s'être lavé les mains?...Il venait de sulfater..." J'embraie immédiatement "Oh Boudiiiiiiii ! Si je m'en souviens, Papet...On a bien cru qu'il allait y passer..." (J'avoue loyalement que le grand Toni, cueilleur de son état, n'avait jamais sulfaté et qu'il se portait comme un olivier centenaire!)…***
Dans la seconde qui a suivi, nous avons eu droit à ce réjouissant spectacle : nos Parisiens, en ligne au bord du chemin, restituaient à notre belle terre vauclusienne les bons produits de son sol fertile ! ! ! Puis ils sont remontés en voiture et ont démarré sans demander leur reste. Le Papet et moi nous sommes regardés, nous nous sommes laissés tomber assis sur le talus et avons piqué un fou-rire d'anthologie!!!
Il était comme ça, le Papet...Et depuis ce jour-là, à chaque fois qu'il voyait une voiture arrêtée, si la plaque ne portait pas 13 ou 84, il me disait toujours avec un clin d'oeil "Oh pitchouno, si on allait voir?...Des fois qu'on pourrait leur faire le coup du "sulfaté" ...." Il ne s'en est jamais lassé.
N’allez surtout pas croire que nous, les Sudistes, sommes des galéjeurs (voire des menteurs) pathologiques. Au contraire, nous avons pour le mensonge une irrépressible aversion, le mensonge que pratiquent les béotiens qui ne sauront jamais la divine saveur que distille une galéjade bien menée. Nous sommes des orfèvres de la langue (la nôtre, s’entend) et nous savons avec doigté et délicatesse en user des outils. Car d’outils, il y en a plusieurs…
La plus connue, la galéjade : c’est tout l’art de dire une « hénaurmité » dans une conversation qui sans cela serait d’une navrante banalité, en sachant parfaitement que personne ne vous croira mais que tout le monde applaudira à votre imagination et à votre sens de la narration.
Vient ensuite le mensonge de finesse : encore une fois, rien à voir avec le mensonge grossier pratiqué par le vulgaire. Il s’agit ici en présentant un sujet anodin de soutirer à votre interlocuteur des renseignements sur un autre sujet, le tout sans qu’il s’en aperçoive. Ou encore, de parler d’une chose sans heurter l’exquise sensibilité de votre vis-à-vis. Le mensonge de finesse est à la parole ce qu’est le Tanagra à la statuaire.
Et enfin, la vérité du dimanche , un joyau enchâssé dans le trésor de la langue provençale ! N’allez pas croire qu’il s’agit d’une vérité qu’on ne peut pratiquer que le jour du Seigneur ou aux fêtes carillonnées. Non, la vérité du dimanche est tout simplement une galéjade ou un mensonge (de finesse, bien sûr) qui a été répété tellement de fois que c’en est devenu une vérité.
Et ça, je vous le jure sur les arêtes de la sardine qui jadis bloqua le port de Marseille….
Dernière édition par CIGALE le Mer 19 Aoû 2009 - 17:29, édité 2 fois
Invité- Invité
Re: Jus de la treille et nectar verbal...
....j'imagine bien la scène......il a eu drôlement raison ton papet
Invité- Invité
Re: Jus de la treille et nectar verbal...
Alors la, c'est génial comme trouvaille.
Taquin le papet.
Taquin le papet.
Eglantine- Date d'inscription : 16/05/2008
Nombre de messages : 7765
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