La lettre...

[j.r.garou]

A vous Monsieur qui vous disiez mon Ami, j’adresse l’unique lettre
de celle à qui vous vous êtes ouvert hier de sentiments qu’elle a eu la
faiblesse d’écouter…Je veux bien croire à leur sincérité, alors soyez moi
pitoyable, car je ne puis les partager. Vous aviez oublié que vous étiez le
subordonné mais aussi l’ami de mon mari, parti pour cette guerre dont vous êtes revenu blessé.
J’ai je crois aussi été dupe des relations qui entre nous pouvaient
s’instaurer. Vous me parliez de lui, vous me parliez de ces moments terribles qu’ensemble vous avez endurés, et moi, je compatissais, émue et désireuse de vous voir guérir de cette blessure qui vous a fait garder
la chambre longtemps.
Je suis encore bouleversée je l’avoue par tout ce flot de paroles
que vous avez dites impossibles à retenir où tout se mélangeait !
De fait cela faisait plus d’un mois où je vous rendais visite chaque jour,
sans vouloir me rendre compte du plaisir réciproque, que nous tirions
de nos longues conversations. J’avoue avoir été de plus en plus troublée
par cette intimité naissante, vos regards, vos gestes
furtifs parfois, et votre façon de retenir ma main un instant de trop
au moment de se quitter…
Vous m’avez dit hier qu’on ne pouvait retenir l’éclosion d’un volcan
dont la lave jaillit soudain à la surface et dont la lave brûlante ne peut
plus être canalisée… J’ai eu le tort de vous avouer que ces sentiments étaient
partagés tout en vous suppliant de mettre un terme à ce qui ne pouvait
être ! Les obstacles qui nous séparent, vous les savez insurmontables dans
une relation honnête…
Quand vous m’avez pressée d’oublier que j’étais madame Van de W… un
éclair de lucidité m’a permis de vous répondre que la chose était impossible
pour moult raisons que vous ne vouliez pas entendre, mais surtout de vous fuir,
comme si j’étais la seule fautive de ce qui nous arrivait .
Vous devez vous douter que j’ai passé une nuit épouvantable et ce
matin je suis allée au temple me confesser à l’éternel. Un amour caché, cela ne durerait pas. Prévenir celui qui combat au loin que sa femme l’a trahi et brave toutes les convenances en vivant avec celui qu’il lui a recommandé, comme son ami blessé ? Les remords, la honte, la mise à l’écart de ma famille qui ne comprendrait pas : non je ne puis les braver !
Votre jambe va beaucoup mieux ; bientôt vous retournerez à la guerre
comme vous en avez plusieurs fois manifesté le désir. Vous y retrouverez votre chef que vous pourrez saluer de ma part en le regardant droit dans les yeux. Le chemin de l’honneur peut parfois paraître insupportable, mais il peut seul nous conserver la tranquillité du cœur et de l’esprit dans la grâce du Seigneur.
Je prierai chaque jour pour vous comme je le fais pour mon mari.
Adieu monsieur, je suis sûre que vous m’estimez assez pour comprendre
que nous ne devons plus nous revoir.

Marieke Van de W…
...........................................................................................................
Tableau peint par le peintre Vermeer ( 1632/1675 ) représentant une femme qui écrit. Je l'ai imaginé en 25 lignes comme demandé, tenant compte du lieu : les Pays bas, et des guerres continuelles de l'époque !
Jan

[hulotte]

Jan pour ce beau texte qui relate de faits vécus...j'avais reconnu ce tableau

[Annick]

Bonsoir Jan,

Tu as bien reconstitué le style de l'époque, et dans le choix des mots et dans les sentiments qui s'exprimaient par de longues phrases.
Voilà bien un style qui ferait sourire de nos jours, tout comme cette notion d'honneur qui transperce dans cet écrit.

Autre époque, autres moeurs.

La reproduction choisie va bien avec le texte.

[manany]

bravos jan belle ecriture................une belle lettre le tableau est superbe aussi

[j.r.garou]

Hulotte,
à toi pour tes connaissances en peinture.
Moi, j'ai du d'abord situer Vermeer, son époque, et ce
qui s'y passait avant d'extrapoler mon histoire...
999

Annick,
Il était justement demandé de garder le style épistolaire de l'époque
Je me suis appuyé avec ce qu'il m'en restait d'abord, puis recherches
sur Google de l'histoire des Pays bas, et enfin j'ai opté pour les
"liaisons dangereuses" ( Mme de Tourvel et le vicomte de Valmont )
en m'inspirant de cet amour impossible à l'époque pour qui voulait garder
l'estime de la société, et la sienne propre, tant l'éducation stricte
était ancrée dans les esprits... les Religions y étaient pour beaucoup !
999

Manany,
C'est "mots en culture" de la "branche' qui une fois par mois
demande ce genre de pensum... le portrait d'une telle époque
m'a fait hésiter avant de m'atteler au pensum ! Un petit secret :
J'aime mieux tes images qui me font plus allègrement cogiter !
999

pour vos lectures et commentaires indulgents

Jan

[manany]

Manany,
C'est "mots en culture" de la "branche' qui une fois par mois
demande ce genre de pensum... le portrait d'une telle époque
m'a fait hésiter avant de m'atteler au pensum ! Un petit secret :
J'aime mieux tes images qui me font plus allègrement cogiter !
999

pour vos lectures et commentaires indulgents

Jan

avec un beau cadre autour elle serais superbe mais le tableau est très bien et va bien avec la superbe lettre bises jan

[Invité]

Bonjour et merci Jan pour cette lettre très bien écrite.
C'est un excellent exercice de style, tu y es très bien parvenu, bravo.
Bon dimanche et bises

[j.r.garou]

Manany,
Une de tes 'Nanas' m'aurait plus inspiré... et en plus
extrapoler sur cette époque lointaine... plus facile
ce qui se passe et leurs réactions à notre époque ?


Campanule,
Comme toi à la grande époque, j'ai du remettre le nez dans les bouquins
ne pas dire de bêtises, alors que je ne lis plus guère : mea culpa !
vos com. m'ont rassuré...

Jan

[Z06]

Bonsoir

Beau tableau

belle écriture, même si j'ai du me reprendre a plusieurs fois
pour comprends, car je suis déjà passé de suite, après avoir été mise en ligne....

j'ai cogité, dans ce domaine qui m'est totalement inconnu**
Je comprends un peu mieux, après la lecteur qui a suivi.....des tes administratrices

BRAVO !

//

** ...j'essaie d'y voir plus clair.....
grâce a toi...

[j.r.garou]

Merci pour ta persévérance, Z06...
Avec les com tu as mieux situé l'époque, les guerres avec l'Espagne
puis l'Angleterre... L'ami blessé, le mari à la guerre...on le voit chaque jour
cet ami : "tant me tente la tentation" Oh ! l'on est encore dans le platonique
quand madame se reprend et s'explique par missive !
Bonne semaine à tous
Amitiés

Jan

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